Contre l’espoir de passer le reste du mois sacré sous l’aile de la clémence avec un éventuel retour à la normale, les citoyens réalisent avec stupeur que cette année, la hausse habituelle des prix des produits alimentaires ne répond plus cette à sinistre tradition. Accablés déjà par la crise du lait, et récemment celle de l’huile de table, leur quotidien se heurte à une flambée des prix des fruits et légumes et de viandes inexplicables, et surtout persistantes.
De toute vraisemblance, les promesses du ministre du Commerce n’ont pas été tenues, et par conséquent les solutions et les politiques publiques mises en place pour éradiquer ses pratiques n’ont pas été respectées. Du seuil maximum de 60 dinars promis aux algériens, la pomme de terre a pris son envol et s’échange au marché de la honte à 100 da, entraînant avec elle la tomate qui s’affiche désormais à 180 Da, alors que la viande rouge qui devait être cédée à 800 da selon le ministre, ne descends plus, au 6e jour de ramadhan sous le seuil des 1500 da, et le poulet se stabilise à 450 da.
Autant dire que risquer une virée au marché relève de l’épreuve si ce n’est du supplice. Encore une fois le challenge de préparer et de gérer le mois de ramadan, découle sur un échec cuisant des départements chargés de cette mission, en l’occurrence celui du Commerce et de l’Agriculture.
Apres les sorties en fanfare et les annonces dont ne subsistent que les effluves d’un populisme destructeur, place à l’absence d’arguments, et au mutisme. Sur le terrain, les soldes et les marchés de proximité ne font, hélas, pas le bonheur des petites bourses.
Leur absence cristallise l’entendement de la promesse non tenue, et l’incompétence. Cependant, si cette situation était assimilée ces dernières années à une gestion mafieuse, issue d’un mariage macabre entre les institutions de l’Etat et l’oligarchie, elle ne s’explique aujourd’hui par cet argument, du fait que les changements profonds résultants d’une contestation populaire qui a renversé l’ordre établi, a permis le lancement du processus démocratique et constitutionnel, et redonner l’espoir aux algériens, celui de ne plus revivre la privation et l’oppression.
De toute vraisemblance, la résistance à cette voie s’intensifie et se dresse, par le biais des lobbys tapis dans l’ombre de l’ancien régime, contre la volonté indéfectible des pouvoirs publics, à atteindre les objectifs inscrits pour opérer le changement tant attendu.
Et cela se confirme, lorsque les dysfonctionnements ne se confinent plus à l’unique perturbation des prix des produits de première nécessité, et s’élargissent au service public. Le quotidien du citoyen se complique et son pouvoir d’achat croule sous le poids des pénuries, de crises répétées de liquidités au niveau des bureaux de poste, et pour rappeler l’ère de l’anarchie et du chaos social, même la gestion de la distribution de l’eau et de l’électricité, n’échappent pas à ce phénomène. Force est d’admettre que la saignée de ramadhan se confirme et prend un aspect particulier cette année, celui de la désillusion. Car, contre toute attente, et après les affres de la crise sanitaire et ses effets de précarité, la situation sociale et financière des citoyens se détériorent à vue d’œil.
Cela dit, il est encore permis de croire à un redressement de la situation dans les prochains jours, mais cela ne tient qu’à un coup d’accélérateur des réformes en place, et à l’inscription de traitement d’urgence pour contrer cette vague dévastatrice.