Le syndicat national des pharmaciens d’officines (Snapo) a réagi aujourd’hui à la décision du ministère de la Santé concernant la fermeture des pharmacies privées qui effectuent des analyses médicales.
« Les pharmaciens effectuent les analyses médicales au niveau de leurs officines depuis l’existence de la pharmacie en Algérie. Ce n’est pas du tout nouveau, les analyses pour un pharmacien c’est quelque chose d’inné. Ça fait partie de sa formation et de ses compétences. le pharmacien est formé pour dispenser le médicament tout en maîtrisant toutes les questions liées au médicament sur tous les plans, pharmacologique, cinétique, clinique, galénique, pharmacovigilance, fabrication, etc. », nous répondra à ce sujet le président du Snapo Messaoud Belambri.
Il poursuivra : « Le pharmacien est également formé sur les bancs des universités sur tout ce qui est en rapport avec la biologie humaine avec toutes ses ramifications : parasitologie, hématologie, virologie, bactériologie, hormonologie, immunologie, biochimie, chimie analytique, etc… de plus, durant toute sa formation, et en parallèle aux cours magistraux et travaux dirigés, un volume horaire égal à celui des cours et des TD est accordé aux travaux de laboratoire, et ce de manière quotidienne, il n’y a pas un module enseigné qui ne serait pas soumis en même temps aux travaux pratiques au niveau des laboratoires de la FAC, c’est dire à quel point la formation du pharmacien est axée vers le domaine strictement biologique ».
Il a tenu à ajouter que « le plus important est de rappeler que la formation médicale du pharmacien est sanctionnée par un stage d’internat d’une année entière au niveau des laboratoires spécialisés des CHU, et les pharmaciens y travaillent à plein temps. « Et pour clôturer cet aspect sur la compétence et l’habilitation du pharmacien en la matière, nous allons juste rappeler qu’au niveau de tous les grands hôpitaux d’Algérie, ce sont les pharmaciens qui sont à la tête des laboratoires centraux des analyses médicales, et même des centres de transfusions sanguines. Venir aujourd’hui dire que les pharmaciens ne sont pas habilités ni formés à effectuer des analyses médicales c’est une aberration et un non-sens », nous a-t-il indiqué.
Sur le plan réglementaire, précise M Belambri, « nous devons expliquer que les analyses médicales ont été officialisées en officine par le décret présidentiel 76-141 du 23 octobre 1976, puis la loi sanitaire 85-05 du 16 février 1985 a obligé par son article 189 les pharmaciens d’officine à effectuer ces analyses médicales, ceci a été reconduit par la loi 08-13 du 20 juillet 2008 qui a révisé la loi sanitaire. De plus, plusieurs avis et notes ont été émis par le ministère de la santé attestant que les pharmaciens pouvaient effectuer des analyses médicales en officine ». selon le président du Snapo, la loi sanitaire 18-11 s’inscrivant dans une volonté de moderniser notre système de santé et dans le respect des orientations de l’organisation mondiale de la santé est allé dans son article 179 jusqu’à élargir les missions du pharmacien d’officine en confiant au pharmacien la mission d’assurer « des services liés à la santé ». L’officine est appelée, indique-t-il, « à devenir un espace de santé aux services variés pour le plus grand bénéfice de nos concitoyens. Le pharmacien dispose d’une formation complète et polyvalente et il est temps de faire bénéficier le malade algérien des compétences du pharmacien en matière de dépistage, d’observance du traitement, de suivi des malades chroniques, de prévention. Dans la plupart des pays du monde, ajoute-t-il, les pharmaciens participent aux campagnes de vaccination même contre la covid19, et procèdent au dépistage de pas mal de maladies par les tests rapides et autres examens biologiques, pourquoi voudrait-on réduire le rôle du pharmacien en Algérie à un simple dispensateur des médicaments.»
« Nous voulons également préciser que les pharmaciens d’officine ne revendiquent pas l’ouverture de grands laboratoires en parallèle à leurs pharmacies, mais le droit d’effectuer des analyses de bases ou dites d’orientation. C’est participer à l’accessibilité aux soins et à la facilitation de la vie de nos concitoyens, de plus il ne faut pas voir uniquement ce qui se passe au niveau des grandes villes du nord, il faut aussi avoir du côté de nombreuses villes qui ne disposent pas de laboratoires agréés, et dont les citoyens seraient obligés de parcourir des dizaines voire des centaines de kilomètres pour une simple glycémie, FNS, ou un test de grossesse. Et là il faut également tenir compte de la difficulté particulière des wilayas et agglomérations du Sud, où il serait impossible aux citoyens d’effectuer désormais des analyses médicales si la note du ministère venait vraiment à être appliquée », répondra M. Belambri.
Pour le Snapo : « Cette note nous a vraiment surpris, car elle a été faite sans la moindre concertation. On aurait pu fournir des arguments et faire des propositions. La note porte préjudice avant tout au malade et au citoyen algérien car c’est lui qui sera privé de soins primaires. Nous demandons sa suspension et la préparation d’une circulaire qui apportera les meilleures solutions qui garantiront l’accessibilité aux soins pour tous nos concitoyens et ce de manière facile et pérenne ».