Le ministre de l’Industrie pharmaceutique, Lotfi Benbahmed, a indiqué que la production nationale de médicaments couvre actuellement 54% des besoins du marché national.
« Il existe en tout 95 unités de production locale. Nous essayons de favoriser les notions de valeurs ajoutées mais aussi les applications de recherche et de développement. La production nationale assure actuellement jusqu’à 54% des besoins du marché national. La valeur du marché local est estimée à quelque 4,3 milliards de dollars dont 2,3 sont satisfaits localement », a expliqué le ministre dans un entretien paru ce jeudi dans le quotidien Liberté.
Vu la dévaluation de la monnaie nationale le Dinar, Benbahmed a indiqué : « Nous avons instauré des modes de régulation qui permettent désormais d’adapter les prix à la baisse comme à la hausse, suivant le contexte. Comme il y a des dépréciations du dinar, il y a également des baisses des cours mondiaux de matières premières. »
« Dans les deux cas, nous avons conçu et mis en place un système permettant de corriger les prix dans un sens comme dans l’autre. L’enjeu est de soutenir la production nationale, tout en préservant le système de sécurité sociale et en veillant à rationaliser les dépenses du pays en devises », a-t-il dit.
Concernant l’objectif de la mise en place, il y a quelques mois, d’une procédure liée à l’exigence d’attestation de régulation à l’importation qui a donné lieu à certaines appréhensions parmi les opérateurs du secteur, le ministre a expliqué qu’à travers l’exigence de cette attestation de régulation, « il s’agissait avant tout d’arrêter d’importer ce qui est fabriqué localement en suffisance et ce qui existe déjà en surstocks. » « L’enjeu étant de rationaliser l’importation et la réorienter vers les produits non disponibles sur le marché national. Cela a permis aussi de lutter contre la surfacturation. Nous avons découvert, grâce à cette procédure, des programmes d’importation surfacturés parfois à des niveaux de 300 fois leur valeur réelle », a-t-il expliqué.
« Au bout, nous avons réduit, par exemple, la facture globale à l’importation de matière première d’un opérateur à près de 250 000 dollars au lieu de 50 millions auparavant. Étant donné que nous avons mis en place les nouveaux programmes d’importation pour 2021, l’attestation de régulation n’est plus exigée sauf pour les dispositifs médicaux et les produits mixtes en attendant la finalisation d’un système de suivi complet pour ces deux créneaux », a-t-il soutenu.
Et d’ajouter : « Il y a, à présent, un dispositif de suivi informatique régulier, combiné à un suivi au niveau des officines pour mieux contrôler et prévoir les programmes d’importation et d’approvisionnement. L’autre nouveauté est, par ailleurs, l’implication de toute la chaîne d’intervenants dans le circuit pharmaceutique, dont notamment les prescripteurs, afin de favoriser autant que faire se peut la prescription des produits disponibles localement. »
A une question de savoir si « la rationalisation des importations n’est-elle pas aussi à l’origine de certaines pénuries de médicaments ? » Lotfi Benbahmed a répondu : « Nous avons fixé 530 programmes d’importation pour 2021, soit 530 produits à importer sur les 3 500 que compte la nomenclature nationale en la matière. Les pénuries enregistrées l’an passé ont surtout porté sur des produits considérés comme non essentiels et dont certains sont disponibles sous forme de génériques produits localement comme le Lovenox. »
« Ces pénuries ne sont pas liées à l’importation mais à une mauvaise régulation du marché car les producteurs passent parfois de la surproduction à la pénurie pour des raisons de commercialisation. Aussi, pour cette année, nous avons prévu un système informatisé de régulation des programmes d’importation de matière première correspondant à des programmes concrets de production, détaillés mois par mois. Le même système est également prévu pour les importations de médicaments », a-t-il encore expliqué.
Concernant la production du vaccin russe anti-Covid « Sputnik-V », le ministre a indiqué que : « Si nous recevons la matière première nécessaire, nous pouvons lancer la production du vaccin dans les deux mois qui suivent. Le partenaire russe a déjà mis à notre disposition une plateforme numérique qui détaille tout le processus de fabrication de ce vaccin. Dans une seconde phase, il s’agirait de fabriquer localement cette même matière première. »
« L’outil industriel existe et nous pouvons y parvenir d’ici la rentrée prochaine. L’objectif essentiel pour nous est le transfert de technologie pour développer les biotechnologies et parvenir ainsi à mettre en place une plateforme vaccinale locale qui nous permettra à l’avenir de produire localement nos vaccins », a-t-il conclu.