Le ministre de la Communication et Porte-parole du Gouvernement, Ammar Belhimer, s’est exprimé, mercredi, sur le rapport élaboré par l’historien français Benjamin Stora sur « les mémoires de la colonisation française et de la guerre d’Algérie ».
Dans un entretien accordé au média en ligne « Algérie Maintenant », Ammar Belhimer a été questionné sur le rapport Stora. A ce propos, le ministre a mis en avant la position « franche et claire » du président de la République, qui avait affirmé, à l’occasion du 75e anniversaire des massacres du 8 mai 1945 : « notre histoire demeurera toujours au premier plan des préoccupations de l’Algérie nouvelle et de sa jeunesse, une histoire que nous ne saurions, en aucun cas, omettre dans nos relations étrangères ».
Rappelant que « l’unanimité d’organisations, d’experts, d’universitaires et de personnalités nationales, voire même de certains Français honnêtes à rejeter le rapport Stora, car « en deçà des attentes » et « non objectif », Belhimer a relevé « la mise sur un même pied d’égalité de la victime et du bourreau ».
Ce document, qui « renie tous les faits historiques occulte les revendications légitimes de l’Algérie, en particulier la reconnaissance officielle par la France des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité, perpétrés durant les 130 années de l’occupation de l’Algérie », a-t-il ajouté.
Benjamin Stora se défend
Pour rappel, l’historien Benjamin Stora a remis son rapport au président français Emmanuel Macron le 20 janvier dernier. L’historien a émis des propositions pour concrétiser une véritable réconciliation entre les deux pays, près de 60 ans après la fin de la guerre d’Algérie.
Depuis, le rapport continue de soulever une avalanche de critiques de la part des médias et d’historiens, aussi bien en Algérie qu’en France.
Dans un long entretien paru le 7 février 2021 dans le quotidien l’Expression, Benjamin Stora s’est défendu d’être opposé à des « excuses » de la France pour la colonisation en Algérie, comme il lui a été reproché dans son rapport.
« J’ai dit, écrit dans mon rapport, que je ne voyais pas d’inconvénient à la présentation d’excuses de la France à l’Algérie pour les massacres commis », a déclaré Stora. « Soyons clairs: il n’y a pas dans mon rapport le slogan, +Ni excuses ni repentance+ », a souligné l’historien.
« La proposition n’était pas d’écrire une histoire de l’Algérie contemporaine, mais de mesurer les effets de cette guerre d’indépendance dans la fabrication des différents groupes de mémoires en France », a expliqué Benjamin Stora.
Le spécialiste de l’histoire de l’Algérie s’est également défendu d’avoir travaillé comme un « fonctionnaire de l’Elysée » ou un « conseiller » mais « comme un historien, un universitaire ». « Je ne suis pas un +représentant de l’Etat français+, mais un chercheur (…) », a-t-il dit.
Benjamin Stora s’est dit surpris par « l’énorme retentissement médiatique » de son rapport, « ce qui démontre que la question de la guerre d’indépendance algérienne reste toujours un sujet brûlant ».