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Crimes coloniaux : le quotidien britannique « The Guardian » s’en mêle

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Le rapport sur « les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie » remis, le 20 janvier dernier, par l’historien Benjamin Stora au président français, Emmanuel Macron, a fait couler beaucoup d’encre des deux côtés de la rive méditerranéenne, suscitant diverses réactions entre approbation et réticences quant aux 22 recommandations que contient le rapport, visant à réconcilier les deux peuples.

Les réactions ont traversé la Manche, puisque le quotidien britannique The Guardian a mis son grain de sel dans cette histoire « franco-algérienne », en invitant la France à reconnaître « sa responsabilité » dans les crimes coloniaux commis durant la colonisation de l’Algérie.

« Mais pour que toutes les parties sortent d’un épisode amer et traumatisant, la France doit sûrement reconnaître sa responsabilité première, en tant que puissance coloniale, dans la guerre brutale entre 1954 et 1962 », a indiqué le quotidien britannique dans son éditorial publié hier mardi, en soulignant que « ne pas le faire rappelle le type d’évasion contre lequel M. Macron s’est insurgé ».

The Guardian a rappelé que le président français Emmanuel Macron avait condamné la colonisation française de l’Algérie comme un «crime contre l’humanité», en précisant qu’il a été le premier président à admettre que la France pratiquait des tortures systématiques en Algérie, arguant que les méfaits du passé devaient être affrontés avec «courage et lucidité».

Les anciens présidents ont tout simplement évité une guerre associée à l’humiliation nationale, à la violence sauvage et au racisme impérialiste, estime le quotidien britannique qui a souligné que, dans un pays comptant l’une des plus grandes populations musulmanes d’Europe, M. Macron a conclu que cette amnésie officielle était devenue intenable.

Pour le journal britannique, Emmanuel Macron « craint peut-être de susciter une controverse patriotique », avant les élections présidentielles de l’année prochaine, alors qu’il devra certainement faire face à un second tour contre Marine Le Pen.

The Guardian a rappelé qu’il y a un quart de siècle, dans un autre acte au souvenir douloureux, le prédécesseur de M. Macron, Jacques Chirac, a publiquement reconnu la complicité française dans la rafle des Juifs pendant l’occupation nazie. « C’était un moment de catharsis nationale », estime le même journal.

« Si l’admirable ambition de M. Macron de panser les blessures du passé colonial doit se réaliser, un acte de contrition similaire s’impose certainement dans le cadre de la guerre d’Algérie », a indiqué The Guardian.

Pas d’excuses mais des « actes symboliques »

Suite à la publication du rapport, la France a fait savoir qu’elle envisageait des « actes symboliques », mais a annoncé qu’il n’y aurait « ni repentance ni excuses ».

A titre d’exemple, le rapport recommande de poursuivre les commémorations, notamment des dates symboliques, comme le 19 mars 1992, le 5 juillet, jour de l’indépendance de l’Algérie, mais aussi la date où des Européens ont été enlevés à Oran en juillet 1962, le 17 octobre 1991 pour commémorer le massacre d’Algériens jetés dans la Seine à Paris.

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Amar Belhimer, a indiqué, lundi dernier, dans un entretien accordé au journal arabophone El Massa, que « la résistance qui vient de la France à ne pas reconnaître ses crimes a ses raisons connues de ceux qui ont la nostalgie du passé colonial et l’illusion de l’Algérie française », soulignant que « le criminel fait généralement l’impossible pour éviter d’admettre ses crimes, mais cette politique de fuite en l’avant ne peut pas durer ».

 

 

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