En pleine bataille mondiale pour l’achat des vaccins anti-Covid, l’Afrique, jusqu’ici à la traîne pour immuniser ses 1,3 milliard d’habitants, accélère et assure avoir garanti des centaines de millions de doses pour le continent.
Seule une poignée de pays africains ont commencé à vacciner leur population à ce jour, dont l’Egypte, les Seychelles et Maurice. Et au Maroc, le roi Mohammed VI a été vacciné jeudi, donnant le coup d’envoi à la campagne nationale.
La plupart des pays du continent comptent sur l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Union africaine (UA) pour s’approvisionner. Grâce aux dispositifs des deux organisations, l’OMS table sur 30% de la population africaine vaccinée d’ici la fin 2021.
L’UA a annoncé jeudi avoir obtenu 400 millions de doses supplémentaires. Au total, 670 millions de vaccins sont promis à l’Afrique par l’Union. Ces 400 millions de doses ont été acquises auprès de l’Institut Serum of India (SII), qui produit à grande cadence des vaccins développés par AstraZeneca et l’université d’Oxford, pour l’Inde et une grande partie des pays en développement.
Le dispositif Covax de l’OMS, pour un accès équitable aux vaccins, fournira parallèlement les doses pour 20% de la population. « D’ici mars, nous verrons certainement la plupart des pays commencer à vacciner », a estimé jeudi Richard Mihigo, coordinateur du programme d’immunisation et du développement des vaccins au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. « C’est un début lent, mais nous nous attendons à ce que les choses s’accélèrent dans les mois à venir », a-t-il ajouté lors d’une conférence de presse en ligne.
Depuis le début de la pandémie, l’Afrique reste officiellement l’un des continents les moins touchés par le virus, avec 3,5 millions de cas et 88.000 morts, selon un comptage de l’AFP. Mais la plupart des pays du continent sont frappés par une deuxième vague qui les a forcés à revenir à des mesures sanitaires strictes. Les infections ont augmenté de 50% au cours des quatre dernières semaines et le nombre de décès a été multiplié par deux, selon l’OMS. Et la découverte de nouveaux variants, en Afrique du Sud et en Grande-Bretagne, réputés plus contagieux et qui continuent à se propager dans le monde, a aussi accéléré la ruée vers les vaccins.
Dernier en date, le Sénégal a annoncé jeudi avoir détecté pour la première fois le variant britannique. Avec près de 26.000 cas dont 614 décès officiels dans ce pays jeune mais pauvre, la pandémie met le système de santé à rude épreuve.
L’Afrique aura besoin de 1,5 milliard de doses pour vacciner 60% de sa population et atteindre l’immunité collective, selon les estimations. Pour un coût qui oscille entre 5,8 et 8,2 milliards d’euros.
Tous les vaccins seront disponibles « entre cette année et l’année prochaine », a promis le directeur de l’agence du Centre africain de contrôle et de prévention des maladies (CDC) de l’UA, John Nkengasong. « Un effort historique ». Parallèlement, certains gouvernements ont engagé des négociations bilatérales avec les laboratoires pharmaceutiques pour obtenir davantage de vaccins, au risque de faire flamber les prix.
Première puissance industrielle du continent, l’Afrique du Sud doit recevoir « un million » de doses lundi, négociées directement avec le laboratoire AstraZeneca, a annoncé mercredi le ministre de la Santé, Zweli Mkhize.
Le pays africain le plus touché par le virus, avec plus d’1,4 million de cas et près de 43.000 décès officiels, a aussi garanti l’accès à neuf millions de vaccins auprès du laboratoire Johnson&Johnson et recevra 12 millions de doses de Covax.
Lors du sommet virtuel de Davos cette semaine, le chef d’Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa, a fustigé les pays riches qui « accaparent » les vaccins, s’indignant contre le « nationalisme vaccinal ». Il a appelé ceux qui ont les moyens d’acquérir « jusqu’à quatre fois ce dont leur population a besoin », à mettre à disposition leurs doses excédentaires.
Afp