La santé numérique est sur le devant de la scène au grand salon annuel de la tech à Las Vegas, la pandémie ayant fait exploser l’utilisation des services médicaux à distance.
Au Consumer Electronics Show, qui débute lundi, sont présentés toute une série d’outils pour faciliter les consultations en ligne ou au téléphone ainsi que toutes sortes de nouveaux capteurs biomédicaux et appareils permettant aux patients d’éviter des salles d’attente parfois bondées.
La demande pour les services de télémédecine devrait augmenter de 64% aux Etats-Unis selon les chercheurs du cabinet Frost & Sullivan, augmentant d’autant le besoin pour des plateformes de communication pratiques et efficaces et des appareils médicaux chez les particuliers. « On a appris que passer du temps dans des salles d’attente avec d’autres patients malades pouvait être problématique et les gens cherchent d’autres moyens de se faire soigner », remarque Samir Qamar, médecin généraliste et créateur de MedWand, un outil permettant au patient de prendre lui-même sa tension, sa température, sa pression sanguine etc, et de transmettre les résultats directement via l’ordinateur. Il devrait être lancé dans l’année.
La pandémie a montré les lacunes de la technologie, comme le fait que certains patients n’ont tout simplement pas accès à internet, souligne M. Qamar, qui doit s’exprimer lors du CES. « L’un des gros problèmes réside dans la difficulté d’examiner les patients à distance », dit-il aussi à l’AFP.
Nombre d’entreprises se sont lancées sur le créneau pour développer des outils pouvant être utilisés à la maison, comme des stéthoscopes, des otoscopes pour examiner les oreilles, des tensiomètres et oxymètres. Mais ils doivent encore démontrer qu’ils sont hautement précis pour décrocher l’approbation des régulateurs, note M. Qamar.
Parmi les autres appareils présentés au CES figurent des outils pour surveiller l’état de santé des personnes âgées restant seules chez elles ou des appareils pouvant se porter, comme un bracelet, pour détecter les premiers signes d’une maladie.
La vie au travail n’est pas en reste avec des thermomètres intelligents, des purificateurs d’air ou des robots désinfectants. « Des appareils un peu fous comme des purificateurs d’air personnels, qui auraient été regardés de haut l’an dernier, vont être observés avec beaucoup plus d’intérêt cette année », estime Richard Windsor, un analyste spécialisé dans les technologies qui tient le blog Radio Free Mobile.
Autre élément essentiel pour les soins médicaux à distance: le suivi des données de santé et l’utilisation d’outils d’analyse pour mieux comprendre les risques, qu’il s’agisse du Covid-19 ou d’autres maladies, note Bettina Experton, directrice générale de la plateforme de santé numérique Humetrix, exposante de longue date au CES. Si plus de patients se tournent vers la télémédecine, « le médecin n’aura peut-être jamais vu le patient auparavant », souligne-t-elle. « Il est donc essentiel d’avoir accès à son dossier médical. » Sa société a développé différentes applications mobiles permettant de partager les données du patient en un simple clic.
La plateforme, accessible aux particuliers comme aux assureurs, utilise aussi l’intelligence artificielle pour aider à évaluer les risques des patients, ceux atteints par le coronavirus par exemple.
Axion Research, une société basée à Tokyo, va dans la même veine présenter au CES un système permettant de détecter les signes précoces de certaines maladies comme des cancers ou Alzheimer grâce à un système d’intelligence artificielle « cartographiant » l’état de santé des patients.
Autre tendance : l’utilisation d’outils initialement plus destinés à l’entretien de la forme pour le champ médical, remarque Robin Murdoch du cabinet Accenture, qui suit le salon. « On a maintenant des montres intelligentes et d’autres appareils qui surveillent votre pouls, votre taux d’oxygène dans le sang et d’autres mesures, et fournissent des tas de données » pouvant servir aux médecins, pointe-t-il.
Afp