La Chine a annoncé jeudi l’ajout d’une dizaine de monnaies dans le panier de devises qui lui sert à établir un cours de référence du yuan, diluant de facto la part du dollar, une façon pour Pékin d’escamoter la dégringolade du yuan face au billet vert.
Alors que les marchés mondiaux restaient suspendus aux fluctuations du yuan face au seul dollar, Pékin avait dévoilé en décembre 2015 ce panier de devises étrangères: l’objectif affiché était de mieux évaluer la valeur de la monnaie chinoise, en la confrontant à un ensemble de monnaies jugé représentatif.
Le nombre d’unités dans ce panier va désormais doubler: aux treize devises existantes, vont désormais s’ajouter onze autres –parmi lesquelles le won sud-coréen, le rand sud-africain, le forint hongrois, la livre turque ou encore le zloty polonais–, a indiqué l’Administration chinoise du marché des changes, émanation de la banque centrale.
Cet ajustement, censé « renforcer encore la représentativité du panier », entrera en vigueur au 1er janvier, a ajouté l’institution.
Mathématiquement, le dollar voit sa prééminence au sein du panier grignotée par les nouveaux venus, avec une part tombant à 22,4% contre 26,4% auparavant, suivi par l’euro (16,34%), selon la nouvelle pondération dévoilée jeudi.
« Cette décision vise à réduire l’impact qu’exerçait la domination du dollar sur l’ensemble du panier », commente Christy Tan, analyste de National Australia Bank à Hong Kong, citée par l’agence Bloomberg.
En multipliant les devises dans l’équation, « cela sera plus facile pour la Chine de maintenir la stabilité du yuan face au panier dans son ensemble » sur fond de forte remontée du billet vert, ajoute-t-elle.
Le yuan fluctue face au dollar dans une marge de 2% autour d’un cours pivot déterminé quotidiennement par la banque centrale chinoise (PBOC).
Mais celle-ci ne peut faire abstraction des pressions des marchés: le yuan évolue actuellement au plus bas depuis huit ans face au billet vert, après avoir chuté d’environ 7% sur l’ensemble de 2016 en dépit des efforts de la PBOC pour le soutenir.
La monnaie chinoise souffre des incertitudes sur la santé de la deuxième économie mondiale, de massives fuites de capitaux hors du pays, et surtout du net renforcement du dollar après la victoire électorale de Donald Trump et en prévision de relèvements de taux de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Or, évalué face au « panier de devises » dans son ensemble, le yuan a bien meilleure allure, avec même une remontée sur les quatre derniers mois. Une aubaine très calculée pour le régime communiste, qui entend afficher une image de « stabilité » et conforter la stature internationale peu après son intégration à l’unité de compte du Fonds monétaire international (FMI).
AFP