L’inquiétude grandit dans les milieux d’affaires américains désorientés par les multiples annonces du président élu Donald Trump même si certains secteurs s’attendent à profiter de son arrivée à la Maison Blanche.
« Je suis un peu inquiet face à une certaine rhétorique », a déclaré mardi Doug Oberhelman, le PDG du groupe industriel Caterpillar (engins de construction et produits dérivés), par ailleurs président du lobby des grandes entreprises américaines Business Roundtable.
Cette déclaration résume le sentiment grandissant dans les milieux d’affaires américains, même si les promesses de M. Trump d’abaisser les impôts des entreprises et la nomination au sein de son équipe économique de personnalités du secteur privé sont saluées.
Mais la Chambre de commerce et certains grands patrons ont de plus en plus de mal à dissimuler leurs craintes devant les menaces de protectionnisme brandies par Donald Trump, qui risquent, selon eux, de causer une guerre commerciale avec des partenaires importants comme la Chine et le Mexique. « Quiconque s’est intéressé à la récente campagne et aux résultats des élections sait que l’un des thèmes les plus importants était l’inquiétude sur la liberté et l’équité des échanges commerciaux », a ainsi récemment rappelé Dennis Muilenburg, le PDG de Boeing (aéronautique et aérospatiale), dernière cible en date de Donald Trump.
L’une des craintes est de voir Donald Trump mettre en place sa menace d’imposer une taxe de 35%, au titre de droits de douane, sur l’importation aux Etats-Unis de produits fabriqués à l’étranger par des entreprises américaines.
Une telle mesure pourrait en retour déclencher une guerre commerciale, avec l’imposition de taxes équivalentes par les partenaires commerciaux de Washington. Elle pourrait aussi affecter les gros exportateurs américains comme Caterpillar, qui emploie des milliers de personnes dans ses usines du Midwest américain. Le groupe exporte jusqu’à 80% des biens fabriqués aux Etats-Unis, avance M. Oberhelman.
« Il y a beaucoup d’emplois et de la production de notre entreprise et de notre pays qui dépendent » des échanges commerciaux, a prévenu le dirigeant. « Donc je m’inquiète s’il y a des représailles suite à l’imposition de droits douaniers à hauteur de 35% ou pour n’importe quelle autre mesure unilatérale prise contre un partenaire commercial », a-t-il encore dit.
« Je pense que le mieux, c’est d’avoir un engagement positif entre l’administration, les milieux d’affaires et les pays étrangers pour déterminer comment nous pouvons tous êtres gagnants », a ajouté M. Oberhelman.
D’après le lobby Business Roundtable, un grand nombre de patrons prévoient de réduire de façon importante leurs investissements aux Etats-Unis si la rhétorique incendiaire de M. Trump vis-à-vis des partenaires commerciaux et des multinationales américaines se traduisait par des mesures concrètes.
Seulement 35% des 142 chefs d’entreprises membres de cette organisation ont augmenté leurs investissements au quatrième trimestre, en baisse de 3% comparé au troisième trimestre.
Depuis son élection, Donald Trump s’est déjà attaqué de front aux entreprises américaines Ford (automobile) et United Technologies (climatisations, ascenseurs, aéronautique, systèmes de sécurité). Il a obtenu d’elles, en mélangeant menaces et incitations, qu’elles maintiennent des emplois aux Etats-Unis plutôt que de les délocaliser à l’étranger, notamment au Mexique.
Un secteur, la banque, semble toutefois choyé. Après avoir nommé deux de ses représentants, Steven Mnuchin et Wilbur Ross, respectivement au Trésor et au Commerce, le président élu a promis d’assouplir la règlementation bancaire.
Cette promesse fait flamber les actions des banques en Bourse depuis son élection. Goldman Sachs a gagné 26% en moins d’un mois, tandis que JPMorgan Chase a vu sa valorisation boursière grossir de 19%.
« L’action se porte bien depuis l’élection et ceci est dû à un espoir », constate Jamie Dimon, le PDG de JPMorgan Chase. Celui-ci est de voir « l’administration Trump libérer les entreprises, améliorer la croissance, permettre aux banques de prêter et que celles-ci profitent en retour du relèvement des taux d’intérêt, d’une forte activité économique et de moins de réglementation », a énuméré le banquier, en ajoutant toutefois: « Espérons que ceci va se vérifier ».
afp