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OPEP: un accord suspendu au bon vouloir de l’Iran et de l’Irak

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Les désaccords persistants entre l’Iran, l’Irak et l’Arabie saoudite sur les modalités d’une limitation de leur production rendent de plus en plus incertaine la conclusion d’un accord au sein de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) mercredi à Vienne.

Depuis plusieurs semaines, les tractations vont bon train entre les 14 membres de l’Opep pour mettre en place des quotas par pays destinés à relancer des prix déprimés par une surabondance d’offre depuis l’été 2014.

Mais si un tel accord de limitation de la production est réclamé par les pays les plus dépendants de la manne pétrolière comme le Nigeria ou le Venezuela, il achoppe sur les fortes rivalités entre l’Iran et l’Arabie saoudite, et la situation précaire de certains producteurs en guerre, à l’image de l’Irak et de la Libye.

« Toutes les options sont sur la table et vont être discutées », a néanmoins assuré mardi le ministre de l’Énergie des Émirats arabes unis, Suhail al-Mazroui.

Comme son homologue iranien, Bijan Namdar Zanganeh, un peu plus tôt, il a indiqué que l’Opep gardait toujours comme cible la réduction de production qui avait été décidée à Alger fin septembre.

Les ministres de l’Opep sont en effet convenus il y a deux mois en Algérie, lors d’une réunion informelle, de ramener leur production entre 32,5 et 33 millions de barils par jour (mbj) et de parvenir à un accord avec d’autres grands producteurs, notamment le premier d’entre eux, la Russie, qui s’y est dit favorable sur le principe.

Cette dernière, qui a accepté de limiter mais non de réduire sa production, a toutefois répété mardi qu’elle ne prévoyait pas de participer à la réunion du cartel mercredi à Vienne, estimant qu’il fallait d’abord que l’Opep parvienne à un consensus.

Le ministre algérien de l’Énergie, Noureddine Boutarfa, et son homologue vénézuélien, Eulogio del Pino, se sont rendus lundi à Moscou pour tenter de convaincre la Russie d’abaisser sa production de 600.000 barils par jour (bj), soit plus que les 500.000 bj de baisse que lui proposait jusqu’ici le cartel.

Boutarfa, à son arrivée dans la capitale autrichienne mardi, s’est contenté d’indiquer que « les discussions progress(aient) dans le bon sens » entre les membres du cartel.

Mais alors que l’Arabie saoudite, poids lourd du cartel, semblait jusqu’alors juger « impératif » qu’un consensus soit trouvé pour appliquer l’accord d’Alger, elle a porté un coup dur aux discussions ce week-end en avançant qu’une baisse de l’offre n’était pas obligatoire et que les prix du pétrole allaient se stabiliser même sans intervention du cartel.

Faisant écho à la position saoudienne, le ministre émirati de l’Énergie a estimé que le marché était de toute façon sur la voie du rééquilibrage mais qu’un accord restait nécessaire « pour aider le marché à se reprendre plus vite (plutôt) qu’attendre six mois ».

Durcissant encore davantage le ton mardi, les Saoudiens ont déclaré qu’ils étaient prêts à rejeter tout accord si l’Iran et l’Irak, les deux plus importants producteurs du cartel après eux, n’y participaient pas, selon une source proche de Ryad citée par l’agence Bloomberg News.

Mais même si plusieurs analystes estimaient que l’Arabie saoudite, dont le ministre de l’Énergie, Khalid Al-Falih, est arrivé à Vienne en catimini mardi soir sans parler à la presse, cherchait surtout à accentuer la pression sur Téhéran et Bagdad, les cours pâtissaient de ce raidissement.

Les prix du Brent et du WTI ont ainsi perdu près de deux dollars mardi en séance pour finir à respectivement 46,38 et 45,23 dollars le baril.

« Les ministres iranien et irakien du Pétrole sont visiblement en train d’essayer d’obtenir le meilleur accord pour leurs pays respectifs », commentait Fawad Razaqzada, analyste chez Forex.com. « Mais l’Iran joue intelligemment », estimait-il encore, soulignant que les Iraniens « savent très bien que l’Arabie saoudite attend désespérément de voir les prix remonter », même si elle ne laisse rien paraître.

Selon Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB, les chances d’une réduction de production au sein de l’Opep sont désormais « vraiment faibles » et le cartel devrait se contenter mercredi de sauver les apparences en renvoyant toute décision à sa prochaine réunion dans six mois.

AFP

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