Un membre de la Garde nationale (gendarmerie) a été tué dimanche matin dans une station balnéaire de l’est de la Tunisie dans une attaque « terroriste », et trois assaillants ont ensuite été abattus, a annoncé à l’AFP le porte-parle de la Garde nationale.
Chaque attaque replonge le pays, berceau du Printemps arabe, dans le souvenir de la série d’attentats suicide dont il a été l’objet après sa révolution de 2011. La ville de Sousse, où a été tué le gendarme dimanche, avait notamment déjà été le théâtre d’une attaque jihadiste meurtrière en 2015.
« Une patrouille de deux agents de la Garde nationale a été victime d’une attaque au couteau à Sousse. L’un d’eux est tombé en martyr et l’autre, blessé, est hospitalisé », a indiqué Houcem Eddine Jebabli, porte-parole de la garde nationale. Les forces de sécurité ont poursuivi les assaillants qui ont volé la voiture de la patrouille et se sont emparés des pistolets des victimes, selon la même source. « Dans un échange de tirs, trois terroristes ont été tués », a ajouté M. Jebabli, qui a précisé que la voiture de la Garde nationale et les armes avaient été récupérées par les forces de l’ordre.
L’attaque et la poursuite des assaillants ont eu lieu à Akouda, dans la zone touristique El Kantaoui, selon la Garde nationale. Sur place, des policiers ont établi un cordon de sécurité, selon un photographe de l’AFP.
Dans un communiqué publié sur sa page officielle, le ministère de l’Intérieur a indiqué pour sa part que « les trois assaillants » ont « heurté » avec leur voiture les deux agents de la Garde nationale mais sans mentionner qu’ils les avaient poignardés. Le ministère a confirmé la mort des trois assaillants dans un échange de tirs avec les forces de sécurité, sans donner plus de détails.
Menace persistante
La dernière attaque visant des forces de l’ordre remonte au 6 mars dernier. Un policier avait été tué et cinq autres blessés, ainsi qu’un civil, dans un double attentat suicide contre des forces de l’ordre protégeant l’ambassade des Etats-Unis dans la capitale Tunis.
Après la chute de la dictature en 2011, la Tunisie a été confrontée à un essor de la mouvance jihadiste, responsable de la mort de dizaines de soldats et de policiers, mais aussi de nombreux civils et de 59 touristes étrangers. L’année 2015 a été particulièrement meurtrière pour ce pays, seul rescapé du Printemps arabe. En mars, un attentat contre le musée Bardo à Tunis a fait 22 morts, 21 touristes étrangers et un policier tunisien. L’attaque était la première à toucher des étrangers en Tunisie depuis 2002 et la première revendiquée par le groupe Etat islamique (EI). En juin, un autre attentat revendiqué par l’EI a visé un hôtel près de Sousse, à 140 km au sud de Tunis, faisant 38 morts dont 30 Britanniques. Et en novembre, un Tunisien s’est fait exploser dans un bus transportant des membres de la sécurité présidentielle, tuant 12 d’entre eux en plein Tunis. Un attentat aussi revendiqué par l’EI.
Réinstauré après cette attaque, l’état d’urgence est en vigueur sans discontinuer depuis. La situation sécuritaire s’est néanmoins nettement améliorée ces dernières années. Mais des attaques contre les forces de sécurité ont encore lieu, notamment dans les massifs montagneux frontaliers de l’Algérie, et ponctuellement à Tunis.
Fin juin 2019, un double attentat suicide revendiqué par l’EI avait visé des policiers dans le centre de Tunis et devant une caserne et coûté la vie à un policier.
Outre l’EI, el-Qaëda au Maghreb islamique (Aqmi) a perpétré plusieurs attaques meurtrières au cours de la décennie écoulée. Fin février, Aqmi a confirmé le décès d’un de ses chefs, Abou Iyadh, fondateur du principal groupe jihadiste tunisien proche d’al-Qaïda, Ansar al Charia, notamment accusé d’avoir orchestré les violences contre l’ambassade américaine en 2012.
AFP