La présidente de la Réserve fédérale (Fed) Janet Yellen a redit jeudi qu’un relèvement des taux directeurs pouvait intervenir bientôt, mais a estimé que l’économie américaine avait encore « une marge d’amélioration », dans sa première intervention depuis l’élection de Donald Trump.
Dans un discours qu’elle devait prononcer devant une commission du Congrès, Mme Yellen a répété qu’un resserrement du crédit « pourrait bien être approprié relativement rapidement si les données économiques continuaient de montrer des progrès ». Mais elle s’est montrée prudente, insistant plusieurs fois sur le fait que l’économie américaine avait encore une marge d’appréciation.
Mme Yellen s’exprimait pour la première fois depuis l’élection du candidat républicain à la Maison-Blanche alors que la Fed tiendra une réunion monétaire les 13 et 14 décembre.
Les analystes s’attendent à ce premier relèvement depuis un an des taux directeurs lors de ce rendez-vous monétaire de décembre, mais Mme Yellen est apparue un peu moins catégorique jeudi.
Le taux interbancaire au jour le jour, qui fixe les intérêts des prêts que les banques se font entre elles et qui est censé soutenir l’économie lorsqu’il est bas, se situe actuellement entre 0,25% et 0,50%.
La relative stabilité du taux de chômage à 4,9% et le fait que le taux de participation à l’emploi n’augmente guère font dire à la patronne de la Fed qu’il y a encore des progrès à faire.
Dans cette intervention relativement courte qui devait précéder une audition de plusieurs heures devant une commission économique dominée par les républicains, Mme Yellen, une démocrate, a relevé que le taux de chômage parmi les Noirs et les Hispaniques était « plus haut » que pour le reste de la population, tandis que leurs revenus médians étaient « encore bien en dessous » de celui du reste des ménages américains.
La patronne de la Fed a assuré que la croissance économique, qui s’est accélérée à 2,9% au 3e trimestre, « continuerait à un rythme modéré, suffisant pour générer de meilleures conditions sur le marché du travail et un retour de l’inflation vers l’objectif de 2% ».
Celle-ci s’est accélérée en octobre à 1,6% sur un an, selon l’indice CPI publié jeudi par le département du Travail. Selon l’autre indice PCE, baromètre favori de la Fed, elle s’élève à 1,5%.
« Attendre davantage de preuves » d’amélioration de l’activité « ne reflète pas un manque de confiance dans l’économie », a-t-elle assuré, ajoutant qu’il ne fallait pas non plus attendre trop longtemps avant de relever les taux, sous peine de devoir les augmenter plus brutalement par la suite.
Mme Yellen a noté que les dépenses de consommation, moteur de l’économie américaine, poursuivaient « leur progression modérée » mais que la production industrielle continuait d’être « restreinte par la faiblesse de la croissance à l’étranger et l’appréciation du dollar ».
Pour les économistes de HFE, les propos de la présidente de la banque centrale « vont sans doute renforcer les attentes d’une hausse des taux pour décembre ».
Mais d’autres observateurs, comme Ian Shepherdson, de Pantheon Macroeconomics, la trouvaient un peu trop confiante à leur goût sur la capacité de l’économie américaine à s’améliorer encore sans générer d’inflation. « Nous sommes inquiets qu’elle pense encore qu’au bout du compte les taux n’auront pas besoin d’être relevés davantage », a indiqué cet économiste.
Mme Yellen a redit que le Comité monétaire misait sur une future augmentation « graduelle » des taux directeurs.
Dans son allocution, la patronne de la Fed s’est gardée de commenter les propositions économiques du président élu Donald Trump, notamment celles concernant les relances budgétaires par des réductions d’impôts sur les sociétés. Les élus ne devraient pas manquer de l’interroger sur ces projets mais aussi sur les autres mandats de la Fed comme la régulation financière qui font l’objet de vives critiques de la part des républicains.
Au cours de sa campagne électorale, Donald Trump avait accusé la banque centrale de faire le jeu des démocrates en conservant des taux bas et en créant « une horrible bulle » financière.
AFP