Le plan de relance socio-économique continue d’alimenter les débats et de susciter les réactions des spécialistes. Le professeur Abderrahmane Mebtoul propose plusieurs conditions pour la réussite de ce plan de relance.
Selon lui, tout plan fiable doit reposer sur un diagnostic serein du tissu productif, le secteur industriel représente moins de 6% du produit intérieur brut, 98% des recettes du pays avec les dérivées proviennent des hydrocarbures où le taux d’intégration tant des entreprises publiques que privées ne dépasse pas 15% avec la non adaptation aux nouvelles technologies et au nouveau mangement stratégique.
Ensuite, précise le professeur, ce plan doit reposer sur une nouvelle gouvernance nationale et locale avec plus de décentralisation et non déconcentration. Il doit, selon M. M.Mebtoul, reposer sur de nouvelles organisations plus crédibles que les anciennes à travers des réseaux, loin de l’ancienne organisation hiérarchique rigide, impliquant les élus locaux et la société civile, entrepreneurs publics, privés, banques, universités, centre de recherche, associations.
La démarche méthodologique, doit partir du général, selon lui, du macroéconomique et macro social interne, puis aux réseaux intermédiaires et enfin au niveau micro économique aux projets fiables dans le cadre des avantages comparatifs, ne pouvant pas tout produire. « Tout plan opérationnel doit s’inscrire dans le cadre d’une vision stratégique tant des mutations internes qu’internationales, en étant réaliste les hydrocarbures traditionnels resteront encore pour 5 à 10 ans la principale ressource en devises du pays sous réserve de la mise en place de nouvelles filières concurrentielles », ajoute le professeur.
Pour lui, il s’agira de préparer l’opinion médiatiquement et organiquement à l’esprit des réformes contenu dans le plan de relance en utilisant les médias lourds- débats- pièces de théâtre, cinémas- du fait de la tradition orale de l’Algérien Ainsi, les actions et les déclarations doivent être inventoriées, sans tomber dans le piège de l’autosatisfaction et du dénigrement, ni tomber dans le populisme médiatique qui serait alors contreproductif. Dans ce conteste il faut mettre en exergue la détermination à approfondir les réformes au profit de la collectivité nationale.
Le discours doit être rassembleur, selon M. Mbetoul. L’opinion publique nationale se ligue normalement autour de l’homme rassembleur capable de lui réaliser un certain accomplissement. Le nationalisme, rénové dans le discours, la foi ranimée et « théâtralisée », la solidarité rehaussée par l’économie en actions peuvent féconder la matrice qui forge la mise en scène médiatique et politique des réformateurs. Aussi, la communication doit être audible loin des discours techniques incompréhensibles pour le commun des citoyens, ils doivent s’imprégner de choses banales tirées du quotidien ou se croisent les fils des époques, des générations et des symboles comme les luttes de libération, le développement social, qui restent en dépit du discours nihiliste d’une certaine élite politique et médiatique un fait et une référence incontestées qui appartiennent à l’histoire tout en structurant le présent de notre société. Les algériens et en dépit des apparences sont attachées au merveilleux de leur passé et aux défis de leur présent.