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L’exportation du livre algérien compromise par une réglementation dissuasive

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L’Algérie qui dispose d’une importante communauté émigrée dans des pays d’expression française et arabe dispose d’une chance considérable pour exporter des livres produits localement. Le lectorat potentiel disponible dans les pays francophones (France, Belgique, Canada) et arabophones (Égypte, pays du Golfe et Liban) dépasserait allégrement 4 millions d’individus intéressés, pour une raison ou une autre, par des livres et autres produits culturels édités en Algérie. Tous les ouvrages (romans, Histoire, économie, politique, sociologie) seraient bon à prendre par ces communautés très intéressées par tout ce qui se passe et se pense dans leur pays d’origine. Du fait de son absence sur ces marchés potentiels l’Algérie perdrait selon, diverses estimations entre 150 et 200 millions de dollars chaque année, tout simplement parce que Banque d’Algérie fait obligation aux exportateurs de livres, comme pour tout autres produits,  de rapatrier les recettes résultant des ventes de livres à l’étranger, dans un délai n’excédant pas 120 jours (4 mois) à compter de la date d’expédition, sous peine de poursuites judiciaires. Une prouesse qu’il est à l’évidence impossible de réaliser en un temps aussi court, compte tenu de la nature de cette activité spécifique qui requiert beaucoup de temps pour distribuer, pour vendre et pour répartir en fin de processus commercial les recettes que se partagent les différents intervenants. La condition imposée par les articles 60 et 68 de la loi relative à la monnaie et au crédit étant matériellement impossible à respecter, les éditeurs algériens ont préféré déserter ce juteux créneau de l’exportation, plutôt que de s’exposer à des ennuis judiciaires.

La nature ayant horreur du vide, ce sont les éditeurs étrangers qui ont pris d’assaut le marché algérien du livre en utilisant bien souvent les instruments de markéting  expressément mis en place par les autorités algériennes pour promouvoir l’exportation de ce produit culturel à l’étranger. Le Salon International du Livre qui draine des foules considérables et, pratiquement toutes, les manifestations du genre qui se tiennent périodiquement à Alger et autres grandes villes du pays sont ainsi mises à leurs dispositions pour y promouvoir leurs produits. Toutes les gammes de livres, y sont exposées et vendues à des prix défiant toutes concurrences, laissant peu de chance à la production livresque algérienne. Bien qu’empêtrées dans d’inextricables problèmes structurels les éditeurs algériens parviennent à éditer ou rééditer régulièrement un nombre considérable d’ouvrages susceptibles d’intéresser au minimum quatre millions de compatriotes expatriés dans des pays d’expression française et arabe. C’est une chance inestimable dont les éditeurs et autres exportateurs de livres algériens, ne tirent pas profit pour la principale raison que nous avions évoquée plus haut. La diffusion du livre algérien à l’étranger se résume de ce fait à quelques offres informelles au moyen d’internet. 

Cette bien regrettable absence du livre algérien sur les marchés extérieurs fait perdre au pays, non seulement, d’importants revenus en devises, mais plus grave encore, son rayonnement culturel au sein des communautés émigrées.  Tous les métiers du livre (auteurs, traducteurs, imprimeurs, libraires etc.) qui perdent des commandes rétribuées en devises et de réelles perspectives d’expansion à l’étranger, en sont également pénalisés.  

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