Les géants pétroliers BP et Royal Dutch Shell ont retrouvé quelques forces au cours du troisième trimestre, mais évitent tout triomphalisme compte tenu des risques associés à la faiblesse persistante du prix du baril.
Les résultats publiés mardi matin sont encourageants mais leur amélioration tient pour l’heure surtout au fait que ces groupes n’ont pas eu à passer dans leur compte d’éléments exceptionnels notables contrairement à ce qui avait été le cas un an plus tôt.
Car le contexte ne leur est toujours pas favorable, en raison de la déprime des cours du pétrole depuis deux ans. Ces derniers se sont un peu ressaisis depuis février dernier, remontant autour de 50 dollars, mais toujours loin des 100 dollars connus au troisième trimestre 2014.
Le groupe anglo-néerlandais Royal Dutch Shell est revenu dans le vert avec un bénéfice net de 1,4 milliard de dollars (1,3 milliard d’euros). Il avait accusé une perte nette de plus de 7 milliards de dollars un an plus tôt en raison de l’abandon de certains projets.
De même, le britannique BP a fortement amélioré son bénéfice net à 1,6 milliard de dollars au troisième trimestre (1,5 milliard d’euros) après avoir dégagé de maigres profits de 46 millions de dollars au troisième trimestre 2015.
« BP et Shell ont publié des chiffres en amélioration au troisième trimestre mais il reste de nombreux risques sur le marché pétrolier, alors que les prix sont toujours sous pression », résumait Neil Wilson, analyste chez ETX Capital.
La récente hausse des cours « semble précaire », selon lui, puisqu’elle est nourrie par l’espoir d’un accord de réduction de l’offre de l’Opep ce qui « est loin d’être fait », sans compter que la production repart au Nigeria et en Libye.
Le discours tenu par les deux groupes est d’ailleurs toujours empreint de la plus grande prudence.
« Shell a publié de meilleurs résultats ce trimestre » mais « la faiblesse des prix du pétrole continue d’être un défi de taille pour l’activité et les perspectives restent incertaines », a prévenu son directeur général Ben van Beurden.
Le directeur financier de BP Brian Gilvary salue quant à lui « des progrès afin de nous adapter à un environnement difficile pour les prix et les marges ».
Outre qu’elle comprime leurs marges, la baisse des cours contraint depuis plusieurs trimestres les grandes compagnies pétrolières à des ajustements drastiques, que ce soit des cessions d’actifs, la révision de projets ou encore la réduction des investissements.
BP a annoncé une nouvelle baisse des investissements, en réduisant ses dépenses en capital à 16 milliards de dollars cette année, contre un précédent objectif situé entre 17 et 19 milliards. BP s’attend à des investissements entre 15 et 17 milliards de dollars pour 2017.
Quant à lui, Shell a indiqué que ses investissements pour 2017 seront autour de 25 milliards de dollars, soit dans la fourchette basse de son objectif qui se situait entre 25 et 30 milliards de dollars.
Le contexte est toujours très délicat pour ces majors, qui ne peuvent pas se permettre de relancer leurs investissements faute d’un prix du pétrole suffisant pour couvrir ces gigantesques dépenses notamment dans la recherche et l’exploration.
En revanche, leur santé financière s’améliore, au prix d’une maîtrise des coûts et grâce à des récentes acquisitions ou à de moindres dépréciations.
Shell mise beaucoup sur l’acquisition réalisée en début d’année de son rival BG pour 47 milliards de livres (65 milliards d’euros). Cela lui a déjà permis ce trimestre de gonfler sa production.
De son côté, BP semble enfin avoir tourné la page de la marée noire de 2010 dans le golfe du Mexique, une catastrophe qui a occasionné des dizaines de milliards de dollars de provisions étalées sur de nombreux trimestres, ce qui a plombé de manière récurrente ses comptes ces dernières années.
Enfin, le marché réservait hier des sorts différents aux deux groupes à la Bourse de Londres, saluant la publication de Royal Dutch Shell (+3,50% à 2.189,00 pence) et en étant moins convaincu par celle de BP (-3,11% à 468,65 pence).
Source : AFP