Dans une note datée du mardi 16 décembre et adressée aux banques, la Banque d’Algérie annonce un réajustement des modalités de règlement en dinars de l’allocation touristique (droit de change pour voyage à l’étranger), dont le montant est de 750 euros pour les adultes et 300 euros pour les mineurs de 12 ans et plus.
« La présente note a pour objet de réajuster les modalités de règlement de la contre-valeur en dinars du montant du droit de change prescrites par les dispositions de l’instruction N°05-2025 du 17 juillet 2025 relative au droit de change pour voyage à l’étranger », lit-on dans la nouvelle note émanant de la Direction générale des changes de la Banque d’Algérie.
Le document précise : « L’octroi de ce droit de change étant subordonné à la détention d’un compte bancaire, conformément à la note N°01/DGIG/2025 du 15 décembre 2025, il revient désormais aux seules banques, d’encaisser la contre-valeur en dinars inhérente à l’opération. Le règlement sera effectué par le bénéficiaire effectif du droit de change ou par tout national résident au bénéfice de son conjoint ou de ses ayants droits conformément aux dispositions de l’article 5 de l’instruction susvisée, directement auprès de sa banque. »
« Il est utile de préciser que les adaptations introduites à ce titre, visent à rationaliser les circuits de paiement de la contre-valeur en dinars et à permettre aux banques d’assurer une meilleure gestion des flux financiers associés à ce droit de change », indique la note, et d’ajouter : « Aussi, les banques sont tenues de mettre en place les dispositifs nécessaires pour garantir le bon déroulement de ces opérations. »
La Banque d’Algérie durcit les conditions : compte bancaire obligatoire et fin des paiements en espèces
Lundi 15 décembre, la Banque d’Algérie a adressé une note aux banques, annonçant de nouvelles règles pour l’application du droit de change pour les voyages à l’étranger. Le document insiste sur le renforcement des contrôles, impose le paiement par des moyens scripturaux, exclut les paiements en espèces et rend obligatoire la détention d’un compte bancaire pour bénéficier de l’allocation.
« En application des dispositions de l’instruction n° 05-2025 du 17 juillet 2025 relative au droit de change pour voyage à l’étranger, la présente note a pour objet de préciser les modalités de mise en œuvre des conditions d’octroi dudit droit », précise la note diffusée sur les réseaux sociaux.
La Banque d’Algérie rappelle aux établissements bancaires « la nécessité d’observer rigoureusement les prescriptions de l’instruction n°05-2025, notamment celles de son article 10 et d’appliquer systématiquement les dispositions législatives et réglementaires en vigueur à l’effet de s’assurer que les capacités financières du bénéficiaire effectif lui permettent de s’acquitter du montant afférent à l’opération pour son propre compte et/ou au profit des personnes apparentées, telles que définies dans l’instruction n°05-2025 sus visée. »
Dans ce cadre, la même source souligne que « l’octroi de ce droit de change est désormais subordonné à la détention par le demandeur, d’un compte bancaire ouvert auprès de la banque domiciliataire. » Les banques sont également tenues de « mettre en œuvre l’ensemble des mesures de vigilance prévues par les textes en vigueur, notamment celles relatives à la connaissance du client, à la vérification de l’identité et à l’évaluation de la cohérence des opérations avec le profil du titulaire. »
Concernant les modalités de paiement, la Banque d’Algérie précise que « le règlement de la contrevaleur en dinars du montant en devises doit être effectué exclusivement par des moyens scripturaux émis par les banques, tels que la carte CIB, le chèque bancaire ou tout autre instrument scriptural autorisé. Les paiements en espèces ne sont plus admis ».
La note ajoute que « les banques doivent aviser les bénéficiaires ayant séjourné à l’étranger pour une durée effective inférieure à sept (07) jours, qu’ils doivent restituer le montant du droit de change perçu, sous peine de s’exposer à la perte du droit de change pour une durée de cinq (05) années, sans préjudice de poursuites judiciaires. »
Selon la banque centrale, « les mesures visées ci-dessus visent à sécuriser les conditions d’octroi de ce droit, à assurer son utilisation par les seuls bénéficiaires effectifs et à garantir le bon déroulement de l’opération, à même d’offrir davantage de confort et de sécurité pour le citoyen ». Elle précise enfin que « les banques sont invitées à prendre, sans délai, les dispositions nécessaires pour la mise en œuvre des dispositions de la présente. » « La présente note prend effet à compter de la date de sa signature », conclut le document.
Près de 100 000 cas de fraude recensés en l’espace d’un mois et demi
Ces annonces interviennent dans un contexte marqué par la multiplication des pratiques frauduleuses liées à l’allocation touristique. Des enquêtes de presse et plusieurs affaires judiciaires ont récemment mis en lumière l’existence de réseaux organisant des déplacements, notamment vers la Tunisie, dans le but de détourner les 750 euros accordés au taux officiel vers le marché parallèle des devises.
Des interpellations, notamment à Souk Ahras et à Tébessa, ont révélé des tentatives de contournement des règles en vigueur, en particulier l’exigence d’un séjour minimal de sept jours à l’étranger. Face à ces faits, les autorités ont renforcé les contrôles et rappelé les sanctions prévues en cas de non-respect de la réglementation relative au droit de change.
Lundi dernier, le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et des Transports, Saïd Sayoud, a indiqué que de nombreux cas de fraude et d’abus ont été enregistrés dans l’utilisation de l’allocation touristique. Intervenant devant les députés à l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a fait savoir que près de 100.000 cas de fraude ont été recensés en l’espace d’un mois et demi.
Selon ses explications, ces pratiques impliquent souvent des réseaux organisés, avec la participation de certains intermédiaires, notamment des agences de voyages. Celles-ci auraient recours à des chômeurs pour leur faire obtenir l’allocation touristique avant de la détourner.
Entrée en vigueur en juillet 2025, l’allocation touristique de 750 euros est devenue, pour certaines personnes, un moyen d’acquérir des devises à un coût réduit afin de les revendre ensuite sur le marché parallèle. Pour mettre un terme à ces dérives, l’État a décidé d’introduire des « restrictions temporaires au niveau des postes-frontières », dont l’obligation pour les bus se rendant en Tunisie de disposer d’une autorisation de circulation internationale.
Le ministre a également expliqué que, en coordination avec les autorités tunisiennes, les services concernés ont constaté un afflux inhabituel de voyageurs algériens vers la Tunisie durant les mois de novembre et décembre, avec plus de 5 000 bus recensés. Les investigations menées conjointement ont mis en cause certaines agences de voyages qui auraient organisé ces déplacements en utilisant des procédés frauduleux.
Dans un premier temps, ces agences facilitent l’entrée légale de ressortissants algériens, majoritairement des chômeurs, sur le territoire tunisien, uniquement pour leur permettre de bénéficier de l’allocation touristique. Par la suite, ces mêmes « voyageurs » regagnent l’Algérie par des passages frontaliers non surveillés, après avoir détourné l’allocation à d’autres fins.
Une fois le délai légal de sept jours écoulé, ils repartent vers la Tunisie par des circuits clandestins, avant de revenir en Algérie par des postes frontaliers officiels, avec l’aide des agences de voyages qui leur assurent l’apposition des cachets sur les passeports, alors qu’ils n’ont pas séjourné en Tunisie. Tout en affirmant que l’État ne remettra pas en cause la revalorisation du droit de change, Saïd Sayoud a assuré que des mesures seront prises pour mettre fin à ces pratiques.






