La liquidation judiciaire du groupe Brandt, filiale du groupe algérien Cevital, prononcée le 11 décembre par le tribunal des activités économiques de Nanterre (France), ne marque pas la fin de ses marques historiques. Brandt, Sauter, Vedette et De Dietrich devraient continuer à exister sur le marché, même si leur avenir industriel en France demeure incertain.
Ces marques, parmi les plus anciennes du secteur de l’électroménager en France, ne disparaîtront pas malgré la décision de justice, selon le journal français La Tribune de lundi 15 décembre; Créées pour les plus anciennes au début du XXe siècle, et en 1954 pour Vedette, elles ont connu plusieurs changements d’actionnaires. En 2005, elles avaient été rachetées par le groupe espagnol Fagor Brandt, avant d’être reprises en 2014 par le conglomérat algérien Cevital.
Selon le même journal, Cevital reste propriétaire de ces marques et entend continuer à les exploiter, même si aucune solution n’est trouvée pour maintenir une activité sur les sites français de Vendôme, dans le Loir-et-Cher, et de Saint-Jean-de-la-Ruelle, près d’Orléans.
La même source précise qu’une large partie des appareils fabriqués et commercialisés sous ces enseignes est déjà produite hors de France. Réfrigérateurs et lave-linge sont notamment fabriqués dans les usines de Sétif, en Algérie, ainsi que sur d’autres sites en Espagne et en Chine. Seuls certains produits, comme les fours, les cuisinières et les plaques à induction, sortaient encore des chaînes de production du Centre-Val de Loire. À l’avenir, ces équipements continueraient d’être vendus sous les mêmes marques, mais avec une fabrication réalisée en dehors de l’Europe.
« Les consommateurs français auront ainsi la (fausse) impression de continuer à acheter des produits fabriqués dans l’Hexagone », précise Yves Jégo, porte-parole de la certification Origine France Garantie et porte drapeau du Made in France, cité par La Tribune. « Si conserver en vie ces marques, qui appartiennent à l’imaginaire et au patrimoine national, est une maigre consolation, poursuivre leur fabrication en Centre Val de Loire serait évidemment bien plus appréciable ».
Selon lui, des discussions sont en cours au sein du gouvernement pour tenter de préserver une activité industrielle en France, malgré la liquidation. Les équipes des ministres Roland Lescure et Sébastien Martin étudieraient encore des pistes, dans un contexte politique sensible, à l’approche des fêtes de fin d’année.
Yves Jégo évoque notamment une solution reposant sur les salariés eux-mêmes. « La solution passerait d’une part par la création d’une nouvelle Scop des salariés, mais bien plus solide, lisible et organisée que celle présentée aux juges de Nanterre. Dans ce cas, elle continuerait à exploiter les marques du groupe Brandt sous forme de licences vis-à-vis de Cevital », poursuit Yves Jégo. « D’autre part, pour leur donner des chances de rebond, le gouvernement pourrait imposer une part d’électroménager fabriqué en France dans leurs rayons aux grands distributeurs type Boulanger et Darty ».
Faute de soutiens financiers suffisants, notamment bancaires, dans le court délai accordé après le redressement judiciaire prononcé le 30 octobre, le tribunal a opté pour la liquidation. Une décision qui concerne environ 700 salariés en France et qui a suscité une forte réaction, tant du côté des employés que des élus locaux, dont le président de la région Centre-Val de Loire, François Bonneau, et le maire d’Orléans, Serge Grouard.
Cette affaire relance aussi le débat sur les moyens de soutien à l’industrie en France. « Contrairement à l’Italie qui vient de constituer un fonds souverain d’un milliard d’euros dédié spécifiquement à l’industrie, la France ne dispose pas d’outil efficace pour soutenir réellement ses usines », déplore Yves Jégo. « A preuve, l’interdiction faite à la Banque publique d’investissement d’intervenir pour les entreprises de plus de 250 salariés. Le plan France relance 2030 souffre quant à lui de trop de critères, notamment environnementaux, pour constituer un véritable bras armé en faveur de de la défense de nos usines. »






