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La Chine voit ses exportations vers l’Afrique progresser fortement

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Alors que les tensions commerciales entre Pékin et Washington freinent les ventes chinoises vers les États-Unis, un autre marché évolue dans un sens différent : l’Afrique. En 2025, le continent est devenu la zone où les exportations chinoises avancent le plus rapidement, modifiant une partie des échanges mondiaux.

Les douanes chinoises indiquent que les ventes vers l’Afrique ont augmenté de 25,9 % durant les huit premiers mois de l’année. La Chine y a déjà exporté 122 milliards de dollars de biens, soit plus que sur toute l’année 2020. Les estimations laissent penser que le total pourrait dépasser 200 milliards de dollars d’ici la fin de l’année.

Cette progression se remarque aussi dans la contribution du continent africain à la croissance globale des exportations chinoises : un quart depuis janvier. En 2024, cette part n’était que de 0,2 %. Ce qui était auparavant marginal joue désormais un rôle important.

Une demande portée par les infrastructures et l’énergie

La hausse des exportations s’explique par les besoins du continent dans plusieurs secteurs. L’Afrique, en pleine transformation, recherche des équipements pour construire, produire, transporter et renforcer son approvisionnement en électricité.

Cinq catégories dominent aujourd’hui les achats africains auprès de la Chine : les machines et équipements lourds, le matériel électrique, les automobiles, les navires, ainsi que l’acier et les produits métalliques. Ensemble, ces secteurs représentent plus de la moitié du volume importé depuis la Chine et les trois quarts de la croissance récente.

Dans le domaine de la construction, la demande avance fortement. Durant le premier semestre, les pays africains ont signé pour 30,5 milliards de dollars de contrats avec des entreprises chinoises. Les exportations de machines de chantier ont ainsi progressé de 63 %, et celles d’acier ont aussi augmenté.

La transition énergétique renforce cette dynamique. Les exportations de panneaux solaires vers l’Afrique ont avancé de 60 %, les batteries lithium-ion et les équipements de conversion électrique progressent également. La Chine devient un fournisseur majeur pour des pays qui cherchent à réduire leur dépendance au diesel et à diversifier leur production d’énergie.

Une situation influencée par la géopolitique

Cette évolution s’inscrit aussi dans un contexte international tendu. Face aux « tarifs réciproques » instaurés par les États-Unis, les exportateurs chinois cherchent des marchés moins exposés. L’Afrique apparaît alors comme une option favorable.

Pékin accompagne cette orientation avec plusieurs mesures : suppression des droits de douane pour 53 pays africains, ouverture de son marché agricole à 19 pays, ou encore mise en place d’accords de swap pour faciliter l’usage du yuan dans les échanges.

Dans le même temps, certaines décisions américaines compliquent l’accès des produits africains au marché des États-Unis, ce qui fragilise certains exportateurs du continent. La Chine, de son côté, développe une approche plus ouverte.

Des limites et des risques

Malgré ces évolutions, plusieurs fragilités apparaissent. Les situations économiques diffèrent beaucoup d’un pays à l’autre. L’Afrique du Sud, première économie du continent, n’enregistre qu’une hausse de 3,8 % de ses importations depuis la Chine. Les difficultés énergétiques du pays et un chômage élevé limitent sa demande.

Les politiques américaines ont aussi un impact indirect : en diminuant les revenus liés à certaines exportations africaines, elles limitent la capacité de plusieurs pays à acheter des biens étrangers.

La question de la dépendance revient régulièrement. De nombreux pays africains exportent principalement des matières premières et importent des produits manufacturés. Ce déséquilibre commercial pourrait renforcer une dépendance durable envers la Chine.

Une relation appelée à durer

Pour la Chine, l’Afrique représente plus qu’un marché extérieur. Pékin y développe une approche qui combine financement, ingénierie, construction et fourniture d’équipements. Les entreprises chinoises y installent des systèmes complets plutôt que de simples produits.

Le continent devient ainsi un espace où la Chine teste un modèle de coopération mêlant prix accessibles, délais courts et soutien étatique.

La tendance générale indique que, sauf changement politique majeur, l’Afrique restera une zone importante pour le commerce extérieur chinois. Reste à déterminer comment cette relation évoluera dans le temps et quels en seront les effets pour les deux parties.

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