Longtemps perçue comme le domaine réservé des entreprises, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) dépasse aujourd’hui les frontières du monde économique. Elle s’invite dans les universités, qui deviennent à leur tour des acteurs de changement.
En Algérie, cette idée prend racine lentement mais sûrement.
Les campus ne se contentent plus de former des diplômés : ils cherchent à former des citoyens, conscients de leur impact sur la société et sur la planète.
Derrière cette évolution, un concept nouveau émerge : la Responsabilité Sociétale des Universités (RSU) — un engagement collectif pour une éducation plus durable, plus inclusive et plus éthique.
Former autrement : une mission qui évolue
Le rôle d’une université ne se limite plus à dispenser un savoir académique. Elle doit désormais incarner des valeurs et préparer les générations futures à relever les grands défis de notre temps : le changement climatique, la justice sociale, la transparence ou encore l’équité.
La RSU s’inspire des principes de la RSE, mais elle les adapte à la réalité du monde universitaire. Il s’agit de repenser la gouvernance, la pédagogie, la recherche et même la vie sur le campus pour en faire des laboratoires de durabilité et de citoyenneté.
Partout dans le monde, les universités s’y engagent. Et en Algérie, les prémices d’une telle transformation sont bien là.
Des campus qui changent : inclusion, écologie et innovation
Les universités algériennes commencent à intégrer la RSU dans leurs pratiques quotidiennes, souvent à travers de petites initiatives locales, mais pleines de sens :
- Une université plus humaine et inclusive
Des programmes favorisent désormais l’accès à l’enseignement supérieur pour tous, y compris les personnes en situation de handicap. D’autres initiatives cherchent à améliorer le bien-être des étudiants, à soutenir la vie associative et à promouvoir des valeurs éthiques dans la recherche.
Ces actions, parfois discrètes, contribuent à renforcer le lien entre l’université et son environnement social.
- Une conscience environnementale qui s’installe
La question écologique fait aussi son entrée sur les campus. À Béjaïa, Tlemcen ou Blida, on voit apparaître des projets de “campus verts”, des programmes de recyclage, des actions de reboisement ou des journées de sensibilisation à la gestion durable des ressources.
Même si ces initiatives manquent encore de coordination nationale, elles traduisent une prise de conscience réelle : l’université a un rôle clé dans la transition écologique du pays.
- Une ouverture sur l’économie responsable
De plus en plus d’universités créent des incubateurs et laboratoires d’innovation pour encourager l’entrepreneuriat étudiant. Objectif : développer des projets à impact social ou environnemental.
Ces structures forment une nouvelle génération d’entrepreneurs engagés, capables d’associer rentabilité et responsabilité. Les partenariats avec les entreprises locales deviennent alors un terrain d’expérimentation pour la RSE appliquée à l’éducation.
Gouverner autrement : vers une université éthique et participative
La RSU, c’est aussi une question de gouvernance.
Les universités algériennes amorcent une transition vers plus de transparence, de participation et de modernité. La dématérialisation administrative, les consultations étudiantes et l’évaluation des pratiques éthiques s’imposent peu à peu comme des standards à atteindre.
Cette évolution, encore inégale selon les établissements, témoigne d’un désir collectif de rendre le système universitaire plus responsable et crédible.
Les défis d’une transformation durable
Reste que la route est encore longue.
La RSU en Algérie se heurte à plusieurs obstacles : absence de cadre légal clair, manque de moyens financiers, et faible formation du personnel universitaire aux enjeux du développement durable.
Mais ces défis ne sont pas insurmontables. Avec une vision nationale cohérente et une meilleure coordination entre le ministère, les universités et le secteur privé, la RSU pourrait devenir un pilier de la modernisation de l’enseignement supérieur.
Certaines institutions montrent déjà l’exemple. Des établissements comme MDI–Algiers Business School intègrent la RSE dans leurs programmes et encouragent les étudiants à mener des projets à impact social.
Ce type d’approche démontre qu’il est possible de concilier excellence académique et engagement citoyen.
L’école a fait de la RSE et de l’éthique managériale un pilier de sa stratégie académique. Les étudiants y sont formés à comprendre les enjeux du développement durable, à mener des projets à impact social et à adopter une vision de l’entreprise tournée vers la durabilité et la transparence.
MDI a d’ailleurs rejoint le réseau international du PRME (Principles for Responsible Management Education), une initiative soutenue par les Nations unies qui promeut l’intégration des principes de responsabilité, d’éthique et de durabilité dans l’enseignement du management.
Cette adhésion positionne MDI parmi les établissements d’élite engagés dans l’éducation responsable, aux côtés de grandes business schools mondiales. Elle traduit une volonté claire : former des leaders éthiques, conscients de leur rôle dans la société et capables de contribuer activement aux Objectifs de Développement Durable (ODD).
De plus, MDI soutient des initiatives étudiantes solidaires, développe des partenariats avec des entreprises engagées et encourage la recherche appliquée en matière de RSE.
Ainsi, à MDI, la RSU n’est pas un simple concept théorique : c’est une réalité quotidienne, une culture institutionnelle vivante qui inspire et transforme les futurs décideurs algériens.
Conclusion : des universités au service de la société
La Responsabilité Sociétale des Universités n’est plus une option, mais une nécessité pour accompagner la transition vers un modèle de développement durable en Algérie.
En plaçant l’éthique, la durabilité et l’engagement citoyen au cœur de leur mission, les universités peuvent devenir de véritables acteurs du changement social.
La réussite de cette transformation dépendra de la capacité collective à faire de la RSU un pilier stratégique du système d’enseignement supérieur, garantissant ainsi une éducation à la fois excellente, équitable et durable.
M.M. BENABDESLEM
NB : Cet article est issu de mon projet EXECUTIVE MBA, consacré à la responsabilité sociétale et à la gouvernance durable dans l’enseignement supérieur algérien.






