Au Cameroun, le président Paul Biya a été déclaré vainqueur de l’élection présidentielle avec 53,66 % des voix, selon les résultats annoncés ce lundi par le Conseil constitutionnel. Âgé de 92 ans, Paul Biya, à la tête du pays depuis 1982 et doyen des chefs d’État en exercice dans le monde, est ainsi réélu pour huitième mandat présidentiel de sept ans.
Son principal rival, Issa Tchiroma Bakary, arrivé deuxième avec 35,19 % des suffrages, conteste ces résultats qu’il qualifie de « mascarade ». « Il n’y a pas eu élection, c’était plutôt une mascarade orchestrée par une dictature pure et dure », a affirmé Issa Tchiroma Bakary à l’AFP. Selon lui, il aurait obtenu « 65 à 70 % des voix ». L’opposant, ancien ministre de M. Biya, a appelé ses partisans à se mobiliser pacifiquement pour défendre ce qu’il considère comme sa victoire.
Des incidents ont été signalés à Garoua, dans le nord du pays, où des partisans d’Issa Tchiroma se sont rassemblés devant son domicile. L’opposant a fait état de « deux morts » parmi les manifestants et affirmé que « des snipers » avaient pris position sur les toits. Un journaliste de l’AFP présent sur place a vu un homme blessé par balle, sans pouvoir confirmer son décès.
Dimanche, quatre personnes ont également perdu la vie à Douala lors de manifestations de soutien à l’opposant. Des témoins ont rapporté que les forces de sécurité avaient d’abord utilisé du gaz lacrymogène avant de tirer « à balle réelle ».
La participation au scrutin du 12 octobre s’est établie à 46,31 %. Cabral Libii est arrivé troisième avec 3,41 % des voix, suivi de Bello Bouba Maïgari (2,45 %) et d’Hermine Patricia Tomaïno Ndam Njoya, seule femme candidate, qui a obtenu 1,66 %. Les huit autres candidats n’ont pas dépassé 1 %.
Paul Biya, deuxième président du Cameroun depuis l’indépendance en 1960, poursuit ainsi un nouveau mandat dans un pays marqué par la répression politique et un conflit persistant dans les régions anglophones. Ses opposants l’accusent d’avoir consolidé un système verrouillé au fil des décennies.
Avant la proclamation des résultats, les autorités avaient interdit les rassemblements et limité les déplacements dans plusieurs grandes villes. À Yaoundé, des patrouilles mixtes de police et de gendarmerie ont été déployées dès les premières heures de la matinée. Des véhicules blindés stationnent à proximité de certains carrefours. « Nous voulons garantir la sécurité du processus électoral et prévenir tout débordement », a déclaré la police.
Dans plusieurs quartiers de la capitale, de nombreux commerces sont restés fermés. Les transports fonctionnent au ralenti et la circulation est inhabituellement fluide. À Garoua, Issa Tchiroma a déclaré que « 1.000 personnes » campaient devant sa maison. « Je leur demande de rester dans le calme et de faire bouclier humain pour ma protection », a-t-il ajouté, promettant de ne pas quitter les lieux : « Mon corps vivant ne sortira pas de ma maison. »






