Le nouveau gouvernement français, annoncé ce dimanche 5 octobre par l’Elysée (présidence française), n’a pas apporté de grands changements. La plupart des ministres conservent leurs postes, notamment ceux des portefeuilles régaliens.
Bruno Retailleau, connu pour ses positions critiques envers l’Algérie, a été reconduit au ministère de l’Intérieur. Il est considéré par plusieurs observateurs comme l’un des principaux obstacles à l’amélioration des relations franco-algériennes.
Jean-Noël Barrot reste aux Affaires étrangères, Gérald Darmanin à la Justice et Élisabeth Borne à l’Éducation. Sébastien Lecornu, nommé Premier ministre, a cédé son poste aux Armées à Bruno Lemaire. À l’Économie, Roland Lescure remplace Éric Lombard. Manuel Valls est maintenu à l’Outre-mer, Rachida Dati conserve la Culture et Éric Woerth prend en charge l’Aménagement du territoire.
Le président français Emmanuel Macron a ainsi opté pour un « changement dans la continuité ». Mais le maintien et la promotion de Bruno Retailleau risquent d’être perçus comme un mauvais signal pour la suite de la crise entre Paris et Alger. Depuis plus d’un an, les tensions demeurent vives, et plusieurs analystes doutent d’un apaisement tant que Retailleau reste en poste.
En septembre 2024, lors de son entrée au gouvernement, il avait multiplié les déclarations visant l’Algérie. Il avait proposé un dialogue avec le Maroc sur les reconduites aux frontières et évoqué un « bras de fer » avec l’Algérie sur la même question, alors que les deux pays affichaient des taux similaires d’exécution des OQTF.
Au fil des mois, Bruno Retailleau a continué à commenter les dossiers diplomatiques, empiétant sur le rôle du ministre des Affaires étrangères et du président de la République. Ces initiatives lui ont valu plusieurs rappels à l’ordre. « C’est au Quai d’Orsay, sous l’autorité du président de la République, que se forge la politique étrangère de la France », avait rappelé Jean-Noël Barrot en janvier. De son côté, Emmanuel Macron avait déclaré en mars : « L’accord de 1968, c’est le président de la République », en réponse à la volonté de son ministre de revoir ce texte sur l’immigration.
Malgré ces mises au point, Retailleau a maintenu sa ligne dure. En janvier, il affirmait encore que l’Algérie cherchait à « humilier la France » après le refus d’expulser un influenceur algérien.
En avril, un nouvel incident diplomatique a éclaté après l’arrestation d’un agent consulaire algérien par des services placés sous l’autorité du ministre de l’Intérieur. Alger a accusé Bruno Retailleau d’avoir « saboté » le rapprochement engagé quelques semaines plus tôt par Jean-Noël Barrot lors de sa visite à Alger.
Le président Abdelmadjid Tebboune avait déjà exprimé en février son rejet du ministre français : « Tout ce qui est Retailleau est douteux compte tenu de ses déclarations hostiles et incendiaires envers notre pays. »
À Paris comme à Alger, Retailleau est soupçonné d’avoir instrumentalisé les dossiers liés à l’Algérie — notamment ceux des OQTF ou de l’écrivain Boualem Sansal — pour renforcer sa position politique. En mai, il a d’ailleurs été élu à la tête du parti Les Républicains.
En août, Emmanuel Macron l’a conforté dans sa ligne en demandant au gouvernement d’agir avec « plus de fermeté et de détermination » vis-à-vis de l’Algérie. Son maintien au gouvernement ne surprend donc pas.
Retailleau a même consolidé son poids politique en soutenant le camp présidentiel lors du vote de confiance au gouvernement Bayrou, le 8 septembre. Cette reconduction pourrait toutefois compliquer davantage les relations entre les deux pays.
Cette semaine encore, il s’est indigné de la délivrance d’un millier de visas supplémentaires aux étudiants algériens, confirmant la continuité de son discours critique envers Alger.