Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a mis fin aux fonctions de Mohamed Charfi, en tant que président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), « sur sa demande pour des raisons de santé ».
Cette décision est contenue dans le décret présidentiel n° 24-378 du 27 novembre 2024 signé par le président Tebboune et publié dans le Journal officiel n°78. « Il est mis fin aux fonctions de Président de l’Autorité nationale indépendante des élections, exercées par M. Mohammed CHARFI, sur sa demande pour des raisons de santé », peut-on lire dans le texte du décret présidentiel.
Mohamed Charfi, ancien ministre de la Justice, a été désigné à la tête de l’ANIE en septembre 2019. Sous sa direction, cette instance a supervisé les élections présidentielles du 12 décembre 2019, qui ont conduit Abdelmadjid Tebboune à la présidence de l’Algérie.
L’ANIE a également organisé le référendum constitutionnel de 2020, les élections législatives et locales de 2021, ainsi que le scrutin présidentiel de 2024. L’institution a été consacrée par la Constitution de 2020.
Le natif à Oued Zenati, dans la wilaya de Guelma, en 1946, Mohamed Charfi a exercé à deux reprises les fonctions de ministre de la Justice et garde des sceaux sous la présidence du défunt Abdelaziz Bouteflika : de juin 2002 à septembre 2003, puis de septembre 2012 à septembre 2013. Diplômé de l’ENA et titulaire d’un doctorat en droit, il a débuté sa carrière en tant que magistrat dans diverses wilayas du pays.
Le départ de Mohamed Charfi de l’ANIE intervient près de trois mois après les élections présidentielles anticipées du 7 septembre dernier, marquées par une confusion dans l’annonce des résultats provisoires. Les résultats publiés par l’ANIE ont été contestés dès leur annonce, y compris par le camp du président sortant, Abdelmadjid Tebboune, déclaré vainqueur.
Cette situation, une première dans l’histoire électorale algérienne, a entraîné des réactions immédiates. Dans la soirée du 8 septembre, les équipes de campagne des candidats Abdelmadjid Tebboune, Abdelali Hassani Chérif et Youcef Aouchiche ont publié un communiqué commun dénonçant l’opacité des chiffres dévoilés quelques heures auparavant.
En réponse, Mohamed Charfi a diffusé un communiqué à 2 h du matin, expliquant que l’instance n’avait pas encore reçu l’ensemble des procès-verbaux des commissions électorales locales au moment de la publication des résultats provisoires.
Le 14 septembre, la Cour constitutionnelle a confirmé la réélection d’Abdelmadjid Tebboune dès le premier tour, tout en rectifiant les chiffres initialement communiqués par l’ANIE.
Lors d’une interview accordée à la presse nationale le 5 octobre, Abdelmadjid Tebboune a annoncé des investigations en cours pour faire la lumière sur les irrégularités du scrutin. Le président a déclaré : « Si la machine électorale n’a pas bien fonctionné, il faudra la réviser en prévision des prochaines échéances où il y aura des milliers de candidats (élections locales ou législatives). »
Il a ajouté : « L’ANIE est une institution constitutionnelle, un pilier de la démocratie et de l’intégrité des élections en Algérie. Parfois, certaines personnes n’ont pas été à la hauteur de cette institution, et même l’institution elle-même pourrait ne pas avoir été au niveau requis par la Constitution. » Quant aux mesures à venir et au futur de l’ANIE, le chef de l’État a conclu : « Attendons pour voir. »