Des experts agronomes et des nutritionnistes ont souligné, mercredi à Alger, l’importance de la technologie dans le développement d’une nouvelle approche de la sécurité alimentaire, qui doit prendre en compte les liens entre la qualité des aliments, la nutrition et la santé humaine.
Lors de la Journée d’étude internationale organisée par l’Ecole nationale supérieure agronomique (ENSA), sous le thème : « L’innovation technologique au service de la nutrition et de la santé humaine », les intervenants ont mis en avant le rôle clé de la recherche et des innovations dans le développement de produits alimentaires de qualité, dans une approche globale de la sécurité alimentaire.
Dans son intervention, le directeur adjoint de l’ENSA, Abdelkader Laribi, a souligné le rôle central de la technologie dans l’évolution constante de l’industrie alimentaire, visant à garantir la qualité des produits, tout en tenant compte des critères « nutritionnels, sanitaires et gustatifs ».
« Outre la satisfaction de la demande croissante en produits transformés sur le marché, cette technologie permet de garantir durablement la sécurité, l’hygiène et la qualité des produits commercialisés », a-t-il précisé.
Il a assuré, dans ce cadre, l’engagement de l’ENSA, en tant qu’institution académique, dans cette démarche, notamment par la formation d’experts, de nutritionnistes et d’agroindustriels.
Abondant dans le même sens, le directeur du laboratoire de recherche en technologie alimentaire et nutrition humaine à l’ENSA, Malek Amial, a affirmé que les innovations technologiques sont indispensables pour améliorer les processus de fabrication, garantir la qualité des produits et contribuer à une meilleure sécurité alimentaire.
Parallèlement, il a souligné la nécessité de valoriser les produits du terroir et de promouvoir leur valeur nutritionnelle auprès des jeunes générations.
De son côté, Amel Kouidri, spécialiste en technologie agroalimentaire et en nutrition humaine, a insisté sur l’impact de l’alimentation sur notre santé.
Dans sa communication intitulée « Une bonne alimentation pour une meilleure qualité de vie », Mme Kouidri a affirmé que l’état de notre santé dépend en grande partie de notre alimentation. « Notre alimentation influence directement notre métabolisme, notre humeur, et même notre forme physique », a-t-elle précisé, mettant en garde contre l’impact désastreux des produits industriels ultra-transformés sur la santé.
Se référant aux données de l’Office national des statistiques (ONS), Mme Kouidri a affirmé que les Algériens, et en particulier les jeunes, consommaient le sucre raffiné de manière excessive. « 60% des jeunes algériens consomment des boissons sucrées », a-t-elle averti, rappelant les maladies qui pourraient être provoquées par l’abus de sucre, en citant l’obésité, le diabète et les complications qui en découlent.
D’autre part, cette nutritionniste a recommandé de revenir aux habitudes alimentaires des ancêtres, notamment en ce qui concerne le pain au levain, « qui est non seulement meilleur pour la santé, mais aussi bénéfique pour les personnes souffrant de diabète et de cholestérol ».
Elle a expliqué que cette méthode ancestrale permet de préparer du pain levé sans recourir à la levure chimique ou industrielle.
Mme Kouidri a également souligné l’importance d’une alimentation équilibrée et de saison, affirmant que « les fruits et légumes de saison sont parfaitement compatibles avec les besoins du corps ».
Pour sa part, Mohamed Habib Belmahi, professeur en toxicologie, a mis en garde contre la consommation excessive de compléments alimentaires et les risques qu’elle comporte pour la santé humaine.
« Ces produits devraient être utilisés pour pallier des déficits spécifiques (en vitamines, fer, calcium, etc.) », a-t-il expliqué, insistant sur la nécessité de réaliser un bilan de santé avant la prise de ces produits et sur l’importance d’ajuster les dosages en fonction des besoins réels.
« La consommation abusive de compléments alimentaires, alimentée par des publicités mensongères, est un danger pour la santé. Il est nécessaire que les autorités de régulation prennent des mesures pour encadrer ce marché », a-t-il conclu.