Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est revenu, samedi soir, sur les résultats de l’élection présidentielle du 7 septembre dernier et le communiqué conjoint publié par les trois candidats à cette échéance concernant les incohérences dans les chiffres préliminaires annoncés par l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
Lors d’une entrevue accordée aux médias algériens, le président Tebboune a annoncé « des investigations à ce sujet, dont les résultats seront rendus publics dès leur achèvement car cette question intéresse l’opinion publique ».
« S’il s’avère que cette instance n’a pas été à la hauteur des attentes, elle fera l’objet d’une réévaluation, d’autant que l’Algérie s’apprête à organiser des élections communales et de wilaya. Si, en revanche, le problème s’avère être lié à des personnes qui n’ont pas été à la hauteur de cette instance constitutionnelle, qui constitue l’un des fondements de la démocratie et de l’intégrité des élections, ces personnes seront remplacées », a-t-il déclaré.
Le 14 septembre, la Cour Constitutionnelle a proclamé les résultats définitifs de l’élection présidentielle qui s’est tenue une semaine auparavant, le 7 du même mois. Cette institution a annoncé que le taux de participation à ce scrutin a atteint 46,10 %, selon la Cour Constitutionnelle.
Sur plus de 24 millions d’électeurs inscrits, 11,2 millions ont voté, dont 9,46 millions de suffrages exprimés et 1,76 million de bulletins nuls. Abdelmadjid Tebboune a été réélu président avec 84,30 % des voix (7,98 millions), suivi d’Abdelaali Hassani Cherif (9,56 %) et de Youcef Aouchiche (6,14 %), selon la Cour.
Les chiffres annoncés par la Cour Constitutionnelle sont complètement différents de ceux communiqués au lendemain du scrutin par le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi.
Ce dernier a, en effet, annoncé une moyenne du taux de participation de 48,03 % à la clôture des bureaux de vote. Lors des résultats préliminaires, il a indiqué que sur plus de 24 millions d’électeurs, 5,63 millions de voix ont été exprimées.
Selon ces résultats préliminaires, Abdelmadjid Tebboune a obtenu 94,65 % des voix, Abdelaali Hassani Cherif 3,17 %, et Youcef Aouchiche 2,16 %. Cependant, les équipes de campagne des trois candidats ont publié un communiqué commun dénonçant des incohérences et contradictions dans les chiffres provisoires annoncés par l’ANIE.
Le dialogue national aura lieu fin 2025 début 2026
Concernant le dialogue national, le président Tebboune a précisé qu’il a annoncé aura lieu fin 2025 début 2026, soit « après la révision des lois relatives aux organes de l’Etat moderne, à l’instar des codes communal et de wilaya ».
Ce dialogue doit être préparé car étant « lié à l’avenir des générations montantes », a-t-il dit, expliquant qu' »il a vocation à immuniser l’Algérie des ingérences étrangères et à contrecarrer les tentatives visant à semer la fitna ».
Ce dialogue sera « précédé par nombre de priorités en lien avec l’économie nationale en vue de mettre l’Algérie à l’abri des soubresauts économiques et politiques que connaît le monde, avant de passer à l’étape de l’édification de la démocratie véritable ».
Le président Tebboune a rappelé, à ce propos, la rencontre qu’il a eue avec tous les partis ayant une représentation populaire aux niveaux local et national, un dialogue qui sera étendu, a-t-il dit, vers fin 2025. Il a, par ailleurs, déploré « certains malentendus à l’origine de frictions », d’où la nécessité, a-t-il dit, de « lever les incompréhensions ».
Concernant ce que certains appellent « détenus d’opinion », le président de la République a été clair en affirmant que « quiconque est condamné par le code pénal n’a aucune immunité face à l’application de la loi, quelle que soit sa qualité ». Il a aussi insisté sur l’impératif de « respecter les institutions » et de « lutter contre l’extrémisme, quelle qu’en soit l’origine ».
Concernant les textes juridiques qui seront révisés avant le lancement du dialogue national, le président de la République a spécifiquement cité les codes communal et de wilaya, ainsi que la loi sur les partis politiques, qu’il s’est engagé à élaborer « en concertation avec les partis ».
« Des élections locales et législatives anticipées pourraient avoir lieu si les circonstances l’exigent, mais il est impératif, au préalable, que les codes communal et de wilaya soient prêts », a ajouté le président de la République. « Certains appellent à une révision de la Constitution et de la loi électorale. Nous restons ouverts à toutes ces propositions, sans exclure quiconque », a-t-il ajouté.
« L’Algérie est un Etat social et le restera »
S’agissant de la politique sociale de l’Etat, le président Tebboune a indiqué qu’elle consistait à ne pas abandonner les citoyens et à prendre en charge leurs besoins essentiels, soulignant que le renforcement de la production nationale, la lutte contre l’inflation et la revalorisation des salaires contribuaient à la préservation du pouvoir d’achat des Algériens.
Il a précisé que « la préservation du pouvoir d’achat repose sur trois piliers : la lutte contre l’inflation, le renforcement de la production nationale et la poursuite de la révision des salaires et des allocations jusqu’à 100% d’augmentation d’ici 2027 au plus tard ». « Telles sont nos priorités pour parachever les projets de développement créateurs d’emplois », a-t-il dit.
« Ces projets concernent les produits chimiques, la métallurgie ainsi que divers secteurs, avec pour objectif d’atteindre 20.000 projets, dont 9.000 ont déjà été concrétisés à ce jour, ce qui augmentera les capacités financières permettant d’équilibrer le marché », a-t-il poursuivi.
Après avoir rappelé les étapes parcourues par l’Algérie dans le domaine de la production des biens de consommation essentiels et stratégiques comme la semoule, le sucre dont la production dépasse de 150% les besoins du pays, et l’huile dont la production dépasse de près de 200% la demande intérieure, le président de la République a affirmé que l’année prochaine verra la mise en œuvre d’une politique visant à rendre le prix de la viande à la portée des citoyens.
En attendant la mise en œuvre de cette mesure, « l’importation de viandes reste ouverte et ne s’arrêtera pas », a-t-il assuré, soutenant que « l’Algérie est un Etat social et le restera », dans le cadre d’une politique globale visant à « préserver la dignité des citoyens ».
Le président de la République a également réaffirmé la détermination de l’Etat à lutter contre la contrebande et la spéculation à travers les mesures légales coercitives, mais aussi par le biais d’une série d’autres mesures, dont le développement des zones franches avec les pays voisins comme la Mauritanie et, plus tard, le Niger, et le projet de zone de libre-échange avec la Tunisie et la Libye à l’avenir.
Il a souligné, dans ce cadre, la détermination de l’Etat à lutter inlassablement contre « les lobbies de l’argent facile et les lobbies compradores » qui provoquent la pénurie de certains produits « à l’instigation d’individus cherchant à déstabiliser le pays ».
Dans ce sillage, le président de la République a mis en avant l’importance du processus de numérisation en cours pour garantir la transparence de la gestion et le suivi des activités commerciales, estimant que la bureaucratie était « un signe de sous-développement ».