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Mebarek Malek Serraï, expert en économie: « Le code des investissements est très favorable pour le secteur de la pêche »

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L’expert international en économie, Mebarek Malek Serraï parle dans cet entretien, des raisons qui bloquent l’avancée du secteur de la pêche, en se basant sur son expérience dans le domaine. Il préconise la tenue de journées d’études animées par des spécialistes pour mieux cerner les vrais problèmes du secteur.

Algérie-Eco: Pour répondre à la demande croissante en produits de la mer tout en garantissant la durabilité de l’industrie, le ministère de la pêche lance un Plan d’Action Axé sur le Développement Durable qui concerne le développement des activités de pêche en haute mer et de l’aquaculture. Est-ce une bonne stratégie?

MSerrai: Le développement humain est en pleine mutation positive en Algérie de ce fait nous enregistrons une nette consommation qualitative et quantitative des produits alimentaires.

Il y a aussi un changement radical dans l’offre des plats cuisinés et leur nature composite. La consommation des fruits de mer et donc du poisson est en nette augmentation et amélioration qualitative. Les nombreuses études réalisées par des organisations spécialisées confirment cette situation pour notre pays.

Face à cela, les efforts consentis par les différents gouvernements des 30 dernières années n’ont pu malheureusement répondre à ce rythme et cadence de croissance. Le déficit est réel et l’offre est moindre que la demande d’où les prix excessifs pratiqués sur le marché au grand désarroi du citoyen au pouvoir d’achat faible aggravé par une inflation au-dessus de 6 à 8 %.

Par ailleurs, il y a toujours une grande différence entre les capacités déclarées et les quantités mises sur le marché car il y a un trafic en haute mer et vers les côtes Espagnoles ou le poisson de grande valeur marchande est cédé à des Espagnoles en particulier. J’en profite de cette occasion pour louer et remercier les garde-côtes pour leur excellente contribution à limiter les transferts illicites en haute mer.

L’Algérie a plus que doublé le nombre de navires de pêche, 11 grands navires destinés à la pêche en haute mer sont en cours de construction, mais la production est toujours à 100 000 tonnes. Qu’est ce qui cloche?

Certains pêcheurs ont besoin d’une dose d’éducation de formation et de nationalisme économique afin de réduire le trafic de poisson.

Mon expérience scientifique avec la Banque mondiale et les forces navales du MDN d’il y a quelques années de cela m’autorise à évaluer en hausse le potentiel halieutique national moyennant des applications scientifiques adaptées à cette activité de la pêche et de la protection et renouvellement de notre patrimoine Halieutique.

Le développement durable de la production aquatique est plus que nécessaire. Le code des investissements est très favorable pour le secteur de la pêche, mais certaines banques continuent encore d’être très réticentes à l’endroit de ce secteur en raison notamment de quelques expériences touchées par la faillite et détournements de fonds alloués à des projets industriels liés à la pêche .

Je préconise la tenue encore une fois de journées d’études animées par des spécialistes engagés et pas par des bureaucrates usés et parfois corrompus qui ont parasité le secteur patrimoine d’excellence pour tout le peuple. Les orientations de Mr le Président sont claires et nobles, il faut les appliquer de manière scientifique et en extrême urgence.

Est-ce que l’aquaculture est une activité essentielle pour répondre à la demande croissante en produits de la mer?

Certainement. Cette activité permet de répondre à la demande croissante en produits de mer et même l’ambition d’atteindre des volumes intéressants de production dans les années à venir.

L’aquaculture permet également d’augmenter le nombre d’emplois possibles sur le marché car elle fournit à la fois de nouveaux produits pour un marché et crée des possibilités d’emploi en raison de la main-d’œuvre nécessaire pour entretenir les piscines et récolter les organismes cultivés.

Aussi, l’introduction de l’élevage de poissons dans les exploitations agricoles est avantageux pour les agriculteurs à la lumière des gains générés du fait de la baisse de l’utilisation d’engrais. Il faut s’attendre cette année, à une forte dynamique de la filière grâce au potentiel du pays, de l’encadrement et des conditions mises en place pour le développement du secteur.

Que pensez-vous de la relance de la pêche du corail rouge?

La pêche du corail rouge répond a des conditions réglementaires et scientifiques bien établies a l’échelle nationale et internationale. L’Algérie faisant partie des organisations internationales en charge du secteur respecte les lois internationales en vigueur.

En effet la pêche et l’exploitation du corail rouge (Corallium Rubrum) est considérée comme une activité économique appréciable dans certain pays tels les USA, l’Italie …En Algérie elle l’est aussi sur le plan de la pêche, environnement, agricole ,touristique, financier, de l’artisanat, de l’emploi etc.

Notre potentiel naturel de corail rouge est bien réel compte tenu que notre littoral et ses récifs de près de 1260 kms, avec des fonds rocheux souvent ombragés, généralement peu pollués et a bonne température même en saison hivernale.

Cet OR rouge de la méditerranée jouis d’une excellente référence qualitative. Il est activement recherché par les professionnels en particulier Américains et les industriels Italiens de Naple (Centre mondial de traitement du corail rouge dans la petite ville d »EL TORRE DEL GRECO ).

De notre point de vue cet Or rouge naturel évoluant lentement pour se reconstituer (entre 5 et 20 ans) en notre milieu marin est très mal et peu pris en charge, d’ou les faibles recettes enregistrées. Pres de 80% de la production estimée de manière aléatoire échappe au Control des services spécialisés de l’Etat Algérien au profit de grands trafiquants algériens; tunisiens, espagnoles et français qui le cueille et l’exportent en dehors du circuit de Commerce officiel. 

Même certaines pratiques de pèches interdites par les lois maritimes internationales et nationales (utilisation de l’explosif destructeur) sont encore en cours par endroits mal ou faiblement surveillés.

Cette activité à multiple intérêts devrait par conséquent bénéficier de plus de contrôle et de prise en charge pour s’intégrer dans le grand processus des reformes, du développement de la pêche, de l’artisanat et de la culture, du tourisme et de la promotion des exportations hors hydrocarbures.

Il faut donc bien encadrer cette activité, inscrire et protéger l’origine du produit noble à l’échelle internationale (Los Angeles ,Madrid Geneve etc ) afin d’éviter les manipulations du produit naturel contre les malfaçons par des poudres et pates colorées chimiques. Il faut consacrer un budget d’aide aux artisans et autre artistes concernés par le travail de conditionnement qualitatif de cette richesse naturelle notre patrimoine national.

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