Le baril de Brent est passé mardi sous les 70 dollars pour la première fois depuis décembre 2021, les cours étant plombés par des craintes sur la demande, en particulier du côté de la Chine. Le relatif pessimisme de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+) sur la demande, annoncé peu avant, contribue lui aussi à ce recul.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en novembre, baissait de 3,03% à 69,66 dollars vers 15H10 GMT (17H10 à Paris). Celui de son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en octobre, chutait de 3,45%, à 66,34 dollars. Il était déjà passé sous les 70 dollars la semaine dernière.
« Les données économiques moroses en provenance de la Chine et des États-Unis » renforcent les « perspectives sombres de la demande », explique Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank, interrogée par l’AFP. Elles se conjuguent à « une offre abondante en dehors de l’OPEP+ » pour concourir à la chute des prix.
En Chine, première importatrice de pétrole, l’indice des prix à la production (PPI) en août s’est replié de 1,8% par rapport à l’année précédente, pire que la baisse de 0,8% enregistrée en juillet, selon des données officielles publiées lundi.
D’autres chiffres ont mardi un fort ralentissement des importations chinoises le mois dernier: +0,5% sur un an, soit nettement moins que les +7,2% de juillet et largement en deçà des attentes des analystes interrogés par Bloomberg, qui misaient sur +2,5%.
Autant de données qui témoignent, une fois de plus, de la fragilité de la reprise dans la deuxième économie mondiale, à la peine depuis la levée fin 2022 des strictes mesures sanitaires liées à la pandémie de Covid.
Tempête Francine
Autre contribution, plus modeste, à la chute des cours : la révision à la baisse des estimations de demande de l’OPEP+, pourtant habituellement optimiste. Dans son rapport publié mardi, l’OPEP+ estime désormais que le monde consommera en moyenne 104,2 millions de barils par jour (mb/jMBJ en 2025. Il tablait dans sa précédente prévision sur une consommation de 104,3 mb/jMBJ par jour en 2025.
Parallèlement à ces facteurs, une tempête tropicale s’est formée dans le Golfe du Mexique, contraignant les producteurs de la région « à évacuer leur personnel et à limiter les forages par mesure de précaution », souligne Tamas Varga, de PVM Energy, interrogé par l’AFP. Cette diminution de l’offre pourrait en principe participer à limiter la chute des cours, mais selon l’analyste de PVM Energy, son impact reste encore « ambigu à ce stade ».
Bien que la région représente près de la moitié de la capacité de raffinage des États-Unis, les éventuelles perturbations de l’approvisionnement ne semblent pas suffire à soutenir durablement les cours – pas plus que les interruptions de la production et des exportations de pétrole en Libye.
De même, la réunion de la Fed la semaine prochaine ne devrait avoir un impact que limité sur les cours. Les analystes s’attendent à une réduction de 0,25% du taux d’intérêt américain, ce qui ne devrait affaiblir que marginalement le cours du dollar, devise préférentielle des achats de pétrole. L’indice d’inflation (CPI) pour août aux États-Unis, dont la publication est prévue mercredi, devrait éclairer les marchés sur l’ampleur de la coupe attendue.
AFP