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Face à la chute des prix du pétrole, l’Opep+ reporte la réouverture des vannes

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Plusieurs pays producteurs de pétrole de l’Opep+, sous pression face à la récente chute des prix du pétrole, ont décidé jeudi de poursuivre leurs coupes et de reporter de deux mois la réouverture des vannes sur fond de turbulences économiques.

Huit membres, dont l’Arabie saoudite et la Russie, « ont convenu de prolonger de deux mois leurs réductions volontaires supplémentaires de production de 2,2 millions de barils par jour », a annoncé l’alliance dans un communiqué.

Sont également concernés l’Irak, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Kazakhstan, l’Algérie et Oman.

Objectif: éviter une déroute des marchés, fébriles devant une série de signaux économiques négatifs.

Les cours du pétrole ont récemment reculé, le WTI américain plongeant sous les 70 dollars et le Brent évoluant à son plus bas niveau depuis décembre.

Dans ce contexte, l’OPEP+ a décidé de ne rouvrir les robinets d’or noir qu’à partir du 1er décembre 2024, et ce « de manière graduelle sur une base mensuelle », en se réservant la possibilité de « suspendre ces ajustements ou de faire marche arrière si nécessaire ».

Début juin, lors de la dernière réunion ministérielle, l’OPEP et ses alliés avaient annoncé leur volonté d’augmenter leur production dès le mois d’octobre.

L’alliance avait cependant pris soin de se ménager une porte de sortie, insistant à plusieurs reprises sur le fait que cette décision pouvait être revue à tout moment.

« Carte de la sécurité »

Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), menée par l’Arabie saoudite, et leurs alliés conduits par Moscou, ont noué en 2016 un accord appelé OPEP+ pour mieux peser sur le marché.

Ces pays, pour la plupart très dépendants de la manne pétrolière, se réunissent régulièrement pour ajuster leur production et doper les prix.

L’OPEP+, composée aujourd’hui de 22 membres, garde actuellement sous terre près de six millions de barils à travers trois mécanismes différents, à la fois à l’échelle du groupe et sous la forme de coupes volontaires.

Le report décidé jeudi est une décision « facile à prendre » pour l’alliance, commente auprès de l’AFP Jorge Leon, analyste pour Rystad Energy. « Cette pause permet d’attendre de voir ce qui se passe avec l’offre Libyenne », ajoute-t-il.

Des interruptions d’approvisionnement venant de Libye en raison de la déclaration de l’état de force majeure sur plusieurs importants champs pétroliers avaient en effet poussé momentanément les cours vers le haut, offrant un peu de répit à l’alliance, avant une dégringolade des prix en raison des craintes quant à la demande mondiale.

L’OPEP+ « joue la carte de la sécurité », confirme dans une note Ipek Ozkardeskaya, chez Swissquote, mais cette décision « pourrait ne pas suffire à faire remonter » les cours.

Les investisseurs se montrent « de plus en plus inquiets de l’affaiblissement des perspectives de la demande en raison de la détérioration de la situation macroéconomique mondiale », souligne-t-elle.

La Chine, deuxième consommateur mondial et principal moteur de la croissance de la demande mondiale de pétrole, est au centre des préoccupations des investisseurs depuis le ralentissement de la croissance au deuxième trimestre.

Et aux États-Unis, les craintes de récession refont surface à chaque nouvel indicateur économique morose.

A long terme, la stratégie de l’OPEP+ qui privilégie les prix à la quantité de pétrole pose cependant question, relève Hamad Hussain, chez Capital Economics.

Elle induit d’importantes « pertes de parts de marché » face aux États-Unis et à l’émergence de nouveaux acteurs comme le Brésil ou le Guyana, alors même que certains membres « veulent pomper avant que le pic de la demande de pétrole ne survienne plus tard dans la décennie », note-t-il.

AFP

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