L’usine Renault Algérie Production (RAP), située à Oued Tlelat dans la wilaya d’Oran, n’a toujours pas reçu son agrément des services du ministère de l’Industrie.
« Malgré les travaux réalisés en 2023 pour mettre l’usine en conformité avec le nouveau cahier des charges, Renault n’a toujours pas reçu son agrément des services du ministère de l’Industrie », a déclaré le directeur général de Renault Algérie, cité ce mardi 25 juin par le site spécialisé Automobile Magazine, en expliquant pourquoi la situation de l’usine est « compliquée ».
La même source note que le « problème de fond » est que « la branche algérienne de Renault n’était pas imaginée à l’origine pour se passer des importations et des montages en kit » CKD et SKD, que le gouvernement algérien a suspendu il y a quatre ans. « Depuis 2020, l’usine peine à redémarrer », selon le même site, qui note que « seulement 2500 Symbol sont sorties de l’usine l’an dernier ». « Il s’agit désormais du seul modèle fabriqué par Renault sur place », selon la même source, qui souligne que « les 70 000 véhicules produits dans l’usine Renault d’Oran en 2018 sont désormais bien lointains », ainsi que l’objectif d’atteindre les 75 000 ventes annuelles.
Inaugurée en 2014, l’usine RAP est implantée sur 150 hectares à Oued Tlelat, près d’Oran, avait atteint une capacité de production de 72.000 véhicules (Clio, Symbol et Dacia Sandero) en 2017. Cependant, elle a connu un arrêt quasi total, consécutivement à la suspension de l’importation des kits SKD-CKD en 2020, une décision prise par les autorités. La production avait repris timidement en 2021 suite au déblocage d’un stock de kits (pour un peu plus de 5.000 véhicules). La production s’est de nouveau arrêtée.
Cette suspension a incité l’usine à entamer une phase de mise en conformité afin de répondre aux nouvelles exigences réglementaires du secteur automobile en Algérie. Et le 16 mai dernier, le directeur général de Renault Algérie, Rémi Houillons, avait lancé un appel pour la reprise de l’usine. « Nous sommes prêts et impatients de pouvoir redémarrer », avait-il écrit dans un post sur le réseau social LinkedIn. Et d’ajouter : « Avec déjà près de 15 milliards de dinars investis pour la réalisation de l’usine et des travaux de mise en conformité avec la législation en vigueur, Renault Algérie Production est prête pour redémarrer et servir ses clients au plus vite ».
Le 12 mai dernier, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun, qui était l’invité du forum économique du quotidien El Moudjahid, a été interrogé sur les usines de montage de véhicules fermées depuis plusieurs années. Le ministre a qualifié ces unités de « simples hangars qui ne servent à rien » à l’exception de l’usine Renault à Oran, à propos de laquelle il a dit qu’« elle gagnerait à être améliorée du point de vue technologique ».
Lundi 24 juin, le ministre Ali Aoun a reçu l’ambassadeur de France en Algérie, Stéphane Romatet. Selon un communiqué du ministère, M. Aoun a évoqué à cette occasion plusieurs questions liées au secteur de l’industrie, notamment en ce qui concerne le marché des médicaments et des véhicules.
En novembre 2022, l’Algérie avait fixé de nouvelles conditions pour l’exercice des activités de construction automobile et d’importation de véhicules neufs. Et c’est en mars 2023 que les premiers agréments ont été octroyés aux concessionnaires de véhicules neufs.
Plusieurs marques ont été agréées pour importer des véhicules. La première est la marque italienne Fiat du groupe Stellantis. Il y a aussi la marque allemande Opel, relevant du même groupe, ainsi que de nombreuses marques chinoises : Chery, Geely, Jac, Jetour… Au 18 avril dernier, 159.037 véhicules ont été importés au titre des quotas accordés pour 2023 à 24 concessionnaires, dont 137.982 véhicules de tourisme, utilitaires et légers, selon le ministre Ali Aoun.
La marque Fiat a importé 97.000 véhicules après une année d’activité (mars 2023-mars 2024). En décembre 2023, le groupe Stellantis a inauguré l’usine de production de véhicules Fiat implantée dans la zone industrielle de Tafraoui, wilaya d’Oran. L’usine devrait produire 40.000 véhicules en 2024 et atteindrait une capacité de production de 90.000 véhicules une fois l’extension de l’usine achevée, dont les travaux ont été lancés en mars dernier. Durant juin en cours, l’usine a mis en service la deuxième ligne de production dédiée au Fiat Doblo.
Les constructeurs chinois prévoient aussi des projets d’usines de véhicules en Algérie. Ainsi, Chery, qui a lancé ses activités sur le marché algérien en novembre 2023, a annoncé l’investissement de 110 millions de dollars dans la construction d’une usine de véhicules dans la wilaya de Bordj Bou Arreridj. Cette usine entrera en production en octobre prochain.
Geely, un autre constructeur chinois, envisage d’investir 200 millions de dollars dans une usine d’assemblage de véhicules en Algérie, avait annoncé son partenaire local Sodivem le dimanche 10 mars 2024. Un autre constructeur chinois, Jac, représenté en Algérie par Emin Auto, prévoit également d’implanter une usine d’assemblage de véhicules dans la wilaya d’Aïn Témouchent.