Pour faire face au stress hydrique et pallier le manque de pluviométrie auxquels elle fait face ces dernières années, l’Algérie a décidé de recourir au dessalement de l’eau de mer, avec la réalisation de stations tout au long du littoral.
Actuellement, le pays dispose de 14 grandes stations de dessalement avec une capacité de production estimée à 2,3 millions de mètres cubes par jour.
Cinq autres stations sont en cours de réalisation dans les wilayas de Béjaïa, Oran, Tipaza, Boumerdès (Cap Djinet) et El Tarf. Avec ces stations, qui devraient être réceptionnées à la fin de l’année en cours, le taux d’utilisation des eaux dessalées passera de près de 20 % à 42 %.
Il est également prévu la construction de six autres stations de dessalement d’une capacité de production de 300 000 m³/jour chacune à partir de 2025, ce qui portera le taux d’utilisation des eaux issues du dessalement d’eau de mer à 60 %, après la livraison de l’ensemble des stations inscrites au programme national de réalisation des stations de dessalement d’eau de mer.
L’objectif étant d’assurer l’alimentation en eau potable des habitants des wilayas côtières, avec son extension vers le sud sur une distance de 150 km de la source de production.
La production d’une station de 100 000 m³/j coûte 22 millions $ par an
Cependant, parmi les défis du dessalement de l’eau de mer, gourmand en énergie et à l’origine de rejets polluants, il y a le coût de production et l’exploitation des sels et des minéraux, mais aussi la production des équipements destinés à aux stations de dessalement. Ces questions ont été abordées lundi lors des travaux d’une journée parlementaire organisée à l’Assemblée populaire nationale (APN), intitulée « Dessalement d’eau de mer en tant qu’option stratégique pour l’État : réalisations et défis ».
À cette occasion, l’enseignant à l’École nationale supérieure en nanosciences et nanotechnologies (ENSNN), Hacene Mahmoudi, cite par l’APS, a appelé à l’exploitation des sels et des minéraux provenant du dessalement d’eau de mer.
Il a noté que les opérations de dessalement dans une station de 100 000 mètres cubes sont capables de générer annuellement près d’un million de tonnes de chlorure de sodium (NaCl), soit l’équivalent de 65 millions de dollars de recettes, alors que la production des eaux dans la même station coûte 22 millions de dollars par an.
A noter que les grandes stations de dessalement en activité ont des capacités de plus de 100 000 mètres cubes/jours. Les stations en cours de construction ont des capacités 300.000 mètres cubes/jour chacune.
Lors de cette journée parlementaire, plusieurs recommandations ont été émises. En effet, l’accent a été mis sur la nécessité de recourir aux énergies renouvelables pour faire fonctionner les stations de dessalement, de produire localement les équipements destinés à ces stations, en sus de créer une usine de fabrication de membranes d’osmose inverse (opération de dépollution et de déminéralisation des eaux).
Introduire les énergies renouvelables pour réduire le coût de production
Elles ont également insisté sur la création d’un plus grand nombre de stations de dessalement d’eau de mer dans les régions côtières, en vue de lutter contre le tarissement des nappes phréatiques, le raccordement des canalisations de transfert et de distribution et des stations de dessalement aux canalisations de distribution des barrages, ainsi que l’échange des expertises avec d’autres pays dans ce domaine, à travers les commissions conjointes.
Il s’agit aussi de la nécessité de mettre au point une stratégie nationale de stockage des eaux dessalées, dans l’objectif d’alimenter les régions de l’intérieur et de procéder à l’étude des eaux saumâtres dans les régions du sud, outre l’acquisition de stations de dessalement mobiles comme solutions conjoncturelles urgentes et la proposition d’obliger les établissements hôteliers à acquérir leurs propres stations de dessalement.
À ce titre, le député Abdelsadek Salim a appelé à l’impératif de « recourir à l’énergie solaire ou à l’hydrogène vert ou de réfléchir à la création de petites stations de production d’électricité intégrées aux stations de dessalement d’eau de mer, étant donné qu’une grande partie du coût de production des eaux dessalées provient de l’énergie électrique ».
De son côté, le directeur général de l’Agence nationale de dessalement d’eau (ANDE), Mohamed Deramchi, a fait savoir que l’agence aspire prochainement à diversifier les sources d’énergie utilisées dans les stations de dessalement, à « réhabiliter et à moderniser les stations en service, à étendre les capacités de production et à recycler les eaux saumâtres, en sus de former les acteurs du secteur ».
Par ailleurs, l’assistant du PDG de l’Algerian Energy Company (AEC), M. Mouloud Hachlaf, a valorisé le recours de l’Algérie aux entreprises nationales pour réaliser de nouvelles stations de dessalement, précisant que les anciennes stations réalisées par des partenaires étrangers nécessitaient au minimum 36 mois pour leur réalisation, alors que les délais des travaux dans les nouvelles stations ne dépassent pas 25 mois.