Les cours du pétrole ont enchaîné une nouvelle séance de baisse, vendredi, sur un marché sonné par un chiffre de créations d’emplois élevé aux Etats-Unis, qui fait craindre de voir la banque centrale américaine (Fed) rester ferme plus longtemps que prévu.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en avril a abandonné 1,74%, pour clôturer à 77,33 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, avec échéance en mars, a lui lâché 2,08%, à 72,28 dollars. Entre l’ouverture, lundi, et la clôture de vendredi, la variété de référence américaine a perdu 8,4% sur la semaine.
« Les prix sont sous pression, principalement du fait du rapport sur l’emploi » américain, « qui a été extrêmement fort, beaucoup plus qu’attendu », a commenté Phil Flynn, de Price Futures Group.
L’économie américaine a créé, en janvier, 353.000 emplois, selon le ministère américain du Travail, soit quasiment le double de ce qui était attendu (180.000). Le rapport a montré un sursaut tant dans le secteur manufacturier que les services.
Dès lors, « le marché craint que la Réserve fédérale ne soit pas en mesure de baisser ses taux comme elle le prévoyait jusqu’ici », selon Phil Flynn. Les opérateurs voient désormais majoritairement une première coupe en mai, alors qu’ils pariaient plutôt sur mars jusqu’en milieu de semaine.
Des taux plus élevés durant plus longtemps risquent de limiter le crédit et l’activité économique, donc la demande d’or noir. Par ailleurs, les chiffres de l’emploi « ont fait monter le dollar, ce qui a pesé sur le pétrole », a relevé Phil Flynn.
La perspective d’une politique monétaire restrictive prolongée fait monter les taux obligataires, ce qui attire les investisseurs étrangers vers les placements en dollars et profite à la devise américaine.
Les opérateurs ont aussi prêté attention aux déclarations des dirigeants de deux grands pétroliers américains ExxonMobil et Chevron, qui ne prévoient pas de lever le pied sur la production. ExxonMobil s’attend ainsi à une hausse de ses volumes dans le bassin permien, principale région d’extraction du pétrole de schiste aux États-Unis, et au large du Guyana.
Tous ces éléments défavorables ont déprimé encore un plus un marché déjà fragilisé par l’annonce du Qatar d’une possible trêve dans le conflit entre Israël et le Hamas, sous réserve de l’accord du Hamas, qui a donné un premier signe positif, jeudi.
Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, est attendu en Egypte pour discuter d’une proposition élaborée par le chef de la CIA, William Burns, et des responsables égyptiens, israéliens et Qataris. Ces pourparlers pourraient apaiser les craintes sur les perturbations du transport maritime en mer Rouge, et donc sur l’approvisionnement, selon les analystes.
AFP