Les flux d’IDE vers les pays du Sud ont chuté à 841 milliards de dollars dans un contexte global de faibles niveaux d’investissements et d’incertitude économique.
Les flux d’investissement direct étranger (IDE) vers les pays en développement ont chuté de 9 % pour atteindre 841 milliards de dollars en 2023, selon le dernier Global Investment Trends Monitor de la CNUCED, publié le 17 janvier.
Les pays en développement d’Asie ont été les plus touchés par cette baisse, avec une chute de 12 %, tandis que les flux vers l’Afrique, l’Amérique latine et les Caraïbes sont restés plus ou moins stables.
La diminution de l’IDE vers les régions en développement l’année dernière s’est produite dans un contexte mondial de faibles niveaux d’investissements et d’incertitude économique.
Bien que les flux mondiaux aient défié les attentes en augmentant de 3 % en 2023 pour atteindre un montant estimé à 1,37 trillion de dollars, « l’augmentation globale est due en grande partie à des valeurs plus importantes dans quelques économies européennes qui jouent un rôle d’intermédiaires », indique le rapport.
Il est frappant de constater que si l’on exclut ces économies relais, les flux mondiaux d’IDE enregistrent une forte baisse à moins 18 % en 2023.
L’Asie en développement connaît une forte baisse de l’IDE
En 2023, certaines grandes économies en développement d’Asie ont enregistré des baisses significatives des flux d’IDE, tout en restant des destinations attractives pour les nouveaux projets – lorsqu’une société mère démarre une entreprise dans un pays étranger en construisant de nouvelles installations opérationnelles.
La Chine a enregistré une rare baisse de 6 % des entrées d’IDE, mais a connu une croissance de 8 % des annonces de nouveaux projets.
De même, l’Inde a enregistré une baisse de 47 % des entrées d’IDE, mais est restée parmi les cinq premières destinations mondiales pour les nouveaux projets.
Les flux d’IDE vers les membres de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), qui sont normalement un moteur de la croissance de l’IDE, ont diminué de 16 %. Pourtant, le groupe est resté attractif pour les investissements vers l’industrie manufacturière, avec une augmentation notable de 37 % des annonces de nouveaux projets dans des pays comme le Viêt Nam, la Thaïlande, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et le Cambodge.
En Asie occidentale, l’IDE est resté stable (2 %) grâce à des niveaux d’investissements soutenus vers les Émirats arabes unis, où les annonces de nouveaux projets ont augmenté de 28 %, ne devançant que les États-Unis, le plus grand bénéficiaire d’IDE au monde. Le nombre de nouvelles implantations a également augmenté de 63 % en Arabie saoudite.
Les flux vers l’Afrique restent stables
Les flux d’IDE vers l’Afrique sont restés inchangés en 2023, avec un montant estimé à 48 milliards de dollars, soit une légère baisse de 1 % par rapport à l’année précédente.
La région a connu une augmentation des annonces de nouveaux projets, en particulier au Maroc, au Kenya et au Nigéria. Cependant, une réduction significative d’un tiers des transactions de financement de projets – plus élevée que la moyenne mondiale – soulève des inquiétudes quant à l’avenir du financement des infrastructures sur le continent.
Tendances d’investissement contrastées en Amérique latine
Le paysage de l’investissement en Amérique latine a connu des tendances contrastées en 2023.
Sa plus grande économie, le Brésil, a enregistré une baisse de 22 % des entrées d’IDE. Alors que le nombre de nouveaux projets du pays est resté stable, les opérations de financement de projets internationaux ont chuté de 40 % par rapport à 2022.
Le Mexique, deuxième économie de la région, a quant à lui enregistré une hausse de 21 % des IDE et des annonces de nouveaux projets, renforçant ainsi sa position de premier bénéficiaire mondial.
Un optimisme prudent dans un contexte d’incertitudes mondiales
Le rapport de la CNUCED indique que l’année 2024 pourrait être marquée par une légère augmentation des flux d’IDE.
« Les projections relatives à l’inflation et aux coûts d’emprunt sur les principaux marchés indiquent une stabilisation des conditions de financement des opérations d’investissement international. »
Mais le rapport met en garde contre des risques importants, notamment les tensions géopolitiques, les niveaux d’endettement élevés dans de nombreux pays et la menace d’une segmentation accrue de l’économie mondiale, autant de facteurs qui assombrissent le paysage de l’investissement mondial.