Les prix du pétrole creusaient leurs pertes mardi, les inquiétudes quant à une possible récession mondiale continuant de peser sur la demande de brut, avant la décision de politique monétaire de la Fed.
Vers 15H45 GMT (17h45 HEC), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet, perdait 4,39%, à 75,82 dollars. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en juin, abandonnait 4,57%, à 72,20 dollars.
Les deux références du brut évoluaient ainsi à leur plus bas niveaux depuis fin mars. « Les craintes de récession sont le principal facteur qui dicte actuellement l’orientation des prix du pétrole brut », commente Stephen Innes, de SPI AM.
Le marché « remet également en question la capacité de la Chine à stimuler la croissance économique et les prix du pétrole », affirme Louise Dickson, analyste chez Rystad Energy, en soulignant que « l’incertitude plane sur le rythme de la reprise de la demande chinoise ».
La croissance de l’activité des usines en Chine a faibli en avril, selon des données officielles publiées dimanche, en raison d’une demande internationale plus faible et d’une reprise post-Covid laborieuse.
L’indice d’activité des directeurs d’achat (PMI), reflet de la santé du monde industriel, s’est en effet contracté. « Ces chiffres ont suscité l’inquiétude des investisseurs, car ils ont eu un impact sur les perspectives de croissance de la deuxième économie mondiale et sur les perspectives globales de la demande », explique Ricardo Evangelista, d’ActivTrades.
A cela s’ajoute « la progression d’un sentiment baissier sur le marché », souligne l’analyste, « qui a été alimenté par les turbulences dans le secteur bancaire américain et l’imminence d’une hausse des taux d’intérêt par la Réserve fédérale » (Fed).
Le marché attend ainsi la décision de politique monétaire de la Fed mercredi mais aussi celle de la Banque centrale européenne (BCE) jeudi. Une politique monétaire plus stricte pourrait peser sur l’économie en renchérissant le coût du crédit pour les ménages et pour les entreprises. De quoi accentuer les risques de récession, et donc de baisse de la demande de pétrole.
Pour Louise Dickson, le ralentissement de l’économie américaine est d’ailleurs un « signe avant-coureur potentiel (…) que la hausse des coûts d’emprunt et des prix pourrait freiner la croissance économique ». « La croissance du produit intérieur brut (PIB) et la demande de pétrole sont fortement corrélées », explique-t-elle.
AFP