Les affrontements se sont poursuivis dimanche pour la deuxième journée consécutive au Soudan, sans signe d’apaisement, malgré les appels internationaux et régionaux au calme et à la retenue, alors que le nombre des victimes s’élevait à plus de 50 morts et des centaines de blessés.
Plusieurs pays et organisations internationales, africaines et régionales ont appelé à « faire prévaloir le dialogue et la sagesse pour surmonter les différends », mais la confusion demeure.
Les affrontements ont repris dimanche et se sont intensifiés dans plusieurs zones de Khartoum et d’autres villes relevant de 9 Etats, alors que le bilan parmi les civils s’élevait à 56 morts et environ 600 blessés en 24 heures, selon le Syndicat des médecins qui met en garde contre un déficit de personnel médical.
Priés de rester chez eux par les autorités qui ont également décrété la journée de dimanche chômée, des habitants de Khartoum sont sans eau ni électricité, selon des médias locaux.
Les trains venant des autres provinces ont fait demi-tour samedi à l’approche de Khartoum en raison des combats.
Par le biais de communiqués, les deux camps, à savoir l’armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires), affirment contrôler des points stratégiques du pays, dont le palais présidentiel et l’aéroport de Khartoum.
Dans les faits, il est difficile de déterminer la réalité de la situation sur le terrain des affrontements, car l’armée et les FSR sont présentes dans les 18 Etats du pays, avec des effectifs estimés à des milliers dans chaque Etat, selon des médias.
Réunions d’urgence à la Ligue arabe, à l’IGAD et au CPS
Face à la situation de trouble qui sévit dans le pays, le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), regroupement des Etats de l’Afrique de l’Est, et la Ligue arabe ont convoqué des réunions d’urgence.
L’Algérie, qui assure actuellement la présidence du Conseil de la Ligue arabe au niveau du sommet, a appelé samedi toutes les parties soudanaises à « cesser les combats et à faire prévaloir le dialogue afin de surmonter les différends aussi complexes soient-ils et d’œuvrer à privilégier l’intérêt suprême de la patrie ».
La situation au Soudan a suscité, en Algérie toujours, la réaction du Mouvement de la société pour la paix (MSP) qui a appelé à « un cessez-le-feu, afin d’éviter l’effusion de sang en ce mois sacré », et plaidé pour « un retour rapide et urgent à la table du dialogue entre les deux parties ».
Dimanche, le président égyptien Abdel-Fattah al-Sissi et son homologue sud-soudanais Salva Kiir ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat » au Soudan voisin, au cours d’un entretien téléphonique et exprimé leur volonté de jouer un rôle de médiateur.
L’Egypte est le voisin septentrional du Soudan, tandis que le Soudan du Sud est son voisin méridional.
Ces troubles politiques et sécuritaires surviennent après que des FSR, dirigées par le vice-président du Conseil supérieur de transition, Mohamed Hamdan Dogolo, ont investi la capitale Khartoum. Des affrontements ont eu lieu avec l’armée régulière, fidèle au président du Conseil supérieur de transition, Abdel Fattah Al-Burhan.
L’armée accuse les FSR d’avoir déclenché les hostilités : « Les combats » ont commencé lorsque les FSR ont attaqué des bases de l’armée « à Khartoum et ailleurs au Soudan », a affirmé le porte-parole de l’armée, le général Nabil Abdallah.
Les FSR disent elles avoir été « surprises au matin par l’arrivée d’un important contingent de l’armée qui a assiégé leur camp de Soba », dans le sud de Khartoum.
Les divergences entre les deux hommes forts portent essentiellement sur l’avenir des paramilitaires : le retour à la transition démocratique est suspendu à leur intégration au sein des troupes régulières.
La signature d’un accord final devant mettre fin à l’impasse politique dans le pays était prévue début avril, mais a été reportée, et aucune nouvelle date n’a été donnée.
APS