Après les Etats-Unis et plusieurs pays européens, la France est touchée à son tour par la variole du singe : une situation « inédite » puisque les cas recensés sont sans lien direct avec des personnes de retour de zone endémique.
Un premier cas confirmé de cette maladie rare, originaire d’Afrique, a été détecté jeudi en Ile-de-France, ont annoncé vendredi les autorités sanitaires françaises. Il s’agit d’un homme de 29 ans sans antécédent de voyage dans un pays où circule le virus. Dès la suspicion de son infection, cette personne a été prise en charge et, en l’absence de gravité, est isolée depuis à son domicile.
Depuis le 14 mai, neuf cas ont été recensés au Royaume-Uni, cinq au Portugal, deux au Canada, un aux Etats-Unis, un en Italie, deux en Belgique et un en Suède. Des cas suspects sont en cours d’évaluation dans de nombreux pays et la situation évolue donc très rapidement, ont prévenu les autorités sanitaires.
Depuis 2017, quelques cas importés, notamment du Nigeria, avaient été sporadiquement identifiés dans plusieurs pays, en particulier au Royaume-Uni, sans donner lieu à des épidémies. « Récemment, l’alerte est relativement différente: les signalements faits correspondent à des cas de personnes n’ayant pas voyagé dans les pays où le virus circule habituellement et n’ayant pas eu de contacts avec des personnes revenant de ces pays », a souligné vendredi lors d’un point presse Alexandra Mailles, épidémiologiste à Santé Publique France.
Par ailleurs, ces cas sont survenus principalement, mais pas uniquement, chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes. Ce contexte constitue une « situation inédite qu’on considère comme une alerte », a déclaré Alexandra Mailles. En France, une enquête épidémiologique approfondie est mise en oeuvre suite au cas confirmé.
Les personnes ayant été en contact étroit avec ce patient sont en cours de recensement. Elles recevront de la part des autorités sanitaires les informations sur la conduite à tenir, afin de limiter la propagation du virus.
Cas bénins
La variole du singe est habituellement transmise à l’homme dans les zones forestières d’Afrique du centre et de l’ouest par des rongeurs sauvages ou des primates. Mais une transmission interhumaine est également possible, par contact direct avec les lésions cutanées ou les muqueuses d’une personne malade, ainsi que par les gouttelettes. On peut également se contaminer au contact de l’environnement du malade (literie, vêtements, vaisselle, linge de bain).
L’infection par le virus débute par une fièvre, souvent forte et accompagnée de maux de tête, de courbatures et de fatigue. Après 2 jours environ, apparaît une éruption vésiculeuse, la formation de croutes puis la cicatrisation. Des démangeaisons sont fréquentes. Les bulles se concentrent plutôt sur le visage, les paumes des mains et plantes des pieds. Les muqueuses sont également concernées, dans la bouche et la région génitale.
L’incubation de la maladie peut aller de 5 à 21 jours. La phase de fièvre dure environ 1 à 3 jours. La maladie, généralement bénigne, guérit le plus souvent spontanément, au bout de 2 à 3 semaines. A ce stade, les cas rapportés en Europe sont majoritairement bénins, et il n’y a pas de décès signalé.
La maladie est plus grave chez les enfants et chez les personnes immunodéprimées. « La létalité rapportée varie entre 1 et 10% mais la transmissibilité du virus est moindre que le Covid », a précisé vendredi Alexandra Mailles. « Il y aura un suivi des +cas contact+ beaucoup plus léger que celui du Covid: contrairement à ce qui se produit avec le virus du SARS-Cov2, une personne infectée n’est en effet pas contagieuse avant le début des symptômes », a-t-elle ajouté. En cas d’apparition des symptômes, il est impératif de s’isoler et de porter un masque, a encore indiqué Santé Publique France.
AFP