Le Premier ministre italien, Mario Draghi, a annoncé, ce lundi dernier, lors d’une visite officielle en Algérie, la signature d’un accord entre Sonatrach et Eni pour augmenter l’approvisionnement de l’Italie en gaz naturel algérien.
«Après la crise en Ukraine, l’Italie cherche à renforcer ses capacités dans le domaine du gaz naturel afin de réduire la dépendance au gaz russe, et l’accord auquel nous sommes parvenus aujourd’hui s’inscrit dans ce cadre.», avait affirmant le responsable italien.
Selon l’agence Bloomberg, des discussions ont aussitôt été engagées entre diplomates italiens et espagnols à propos des retombées de l’accord sur l’approvisionnement de l’Espagne.
en effet, Bloomberg a rapporté, hier mardi, que « des diplomates italiens et espagnols sont en pourparlers après que la décision de Rome de sécuriser de gros volumes de gaz algérien a alimenté les inquiétudes de Madrid » quant à son propre accès au gaz qui pourrait être affecté.
L’Europe s’efforce de remplacer les sources d’énergie russes après l’invasion de l’Ukraine par Moscou.
L’accord de l’Italie pour des volumes supplémentaires en provenance d’Algérie, l’équivalent d’environ 12 % de sa demande, est une étape importante vers l’atténuation de la dépendance à l’égard de la Russie, selon le même média.
L’Algérie est reliée aux deux pays par des gazoducs, le Transmed-Enrico Mattei vers l’Italie, le Medgaz et le GME vers l’Espagne. Ce dernier, qui traverse le Maroc, a été fermé en novembre dernier suite à un différend politique entre l’Algérie et le Maroc.
Selon Bloomberg, qui cite des sources proches du dossier, l’accord a suscité au sein de l’industrie gazière espagnole des craintes qu’il pourrait renforcer la position de l’Algérie dans ses négociations avec l’Espagne sur la question des prix du gaz. Les Espagnols seraient inquiets aussi des répercussions sur la capacité de l’Algérie à maintenir l’approvisionnement de l’Espagne.
« L’Algérie est un pays exportateur en déclin »
L’accord annoncé lundi prévoit que l’Italie achète 9 milliards de mètres cubes supplémentaires par an d’ici 2023-2024, et le géant italien de l’énergie Eni a déclaré que les volumes supplémentaires seraient « le résultat de l’étroite collaboration dans le développement de projets gaziers en amont », a précisé Bloomberg.
Toutefois, la production algérienne a stagné ces dernières années dans un contexte de sous-investissement, et on ne sait pas dans quelle mesure et à quelle vitesse la capacité peut être ajoutée, a souligné le même média.
Bien qu’un responsable italien proche du dossier ait assuré que l’accord avec l’Algérie « n’affecterait pas les approvisionnements espagnols», l’Espagne reste inquiète quant à son approvisionnement en gaz.
« Depuis deux décennies maintenant, l’Algérie est un pays exportateur en déclin », a déclaré Matteo Villa, chercheur principal à l’Institut italien d’études politiques internationales.
Avec des expéditions en baisse de plus de 40% au cours de cette période, la concurrence pour les exportations « continuera à ébouriffer les plumes entre les pays de l’UE ».
Jeudi dernier, la troisième vice-présidente du gouvernement et ministre de la Transition écologique et du Défi, Teresa Ribera a admis que l’Algérie va augmenter le prix du gaz vers l’Espagne.