L’accord d’association signé entre l’Algérie et l’Union européenne suscite depuis quelques mois des critiques notamment de la partie Algérie.
En octobre dernier, le président Tebboune a instruit, lors d’un Conseil des ministres, le gouvernement « à l’effet de revoir les dispositions de l’accord d’association avec l’Union Européenne (UE), clause par clause, en fonction d’une vision souveraine et d’une approche gagnant-gagnant, en tenant compte de l’intérêt du produit national en vue de créer un tissu industriel et des emplois ».
Dans une note intitulée « Accord d’association Algérie-Union européenne : des blocages persistants à surmonter », le think tank CARE a tenté de répondre à la question de savoir si l’accord d’association est à l’origine du déséquilibre de la balance commerciale du pays.
Différend et évaluation de l’accord d’association
Plusieurs mesures prises par le gouvernement algérien ont contrarié les partenariats européens, notamment les droits de douane additionnels.
Les mesures de protection douanière ou non douanière mises en place par l’Algérie depuis 2016 pour limiter les importations, telles que le système de licences, la liste des produits interdits à l’importation et le Droit additionnel provisoire de sauvegarde (DAPS) ont fortement contrarié les Européens.
Pour l’Union européenne, ce dispositif du DAPS est contraire au texte de l’accord d’association. Toutefois, le gouvernement algérien estime qu’il y a besoin de renforcer la protection du tissu productif national. Ainsi, les autorités ont estimé nécessaire d’appliquer depuis 2018 des droits de douane renforcés sur une liste de 922 positions tarifaires.
Le cercle de réflexion estime qu’une vraie évaluation de l’accord d’association « doit être comprise comme un point de situation détaillé des échanges avec le partenaire européen, accompagné d’une analyse, secteur par secteur, de l’impact positif ou négatif qu’a pu y avoir la gestion de l’accord, y compris l’interprétation donnée à chacune de ses clauses ».
À cet égard, CARE a indiqué que « cette forme d’évaluation approfondie, publiquement affichée, est la condition première incontournable pour préparer le terrain à une évolution potentielle de l’accord ».
Lien entre l’accord d’association et les déséquilibres extérieurs ?
À la question de savoir si l’accord d’association est à l’origine de la détérioration de l’équilibre de la balance commerciale, le think tank a indiqué qu’ « il s’agit là d’une idée fausse, que le simple examen des chiffres permet de démonter ».
Le cercle de réflexion a indiqué que « sur les 14 années considérées, la balance commerciale entre l’Algérie et l’Union européenne n’aura été déficitaire que durant trois années, lesquelles correspondent à celles où les prix du pétrole, notre principale exportation, ont connu une très forte baisse sur les marchés internationaux ».
Le think tank a précisé qu’ « à l’inverse, pour une autre puissance économique comme la Chine, avec laquelle l’Algérie n’est liée par aucun accord commercial préférentiel, il est enregistré un déficit commercial systématique entre 2006 et 2020. Pour certaines années (en 2018 et 2019), ce déficit commercial avec la Chine est supérieur au déficit commercial global avec le monde entier ».
Selon CARE, « pour la même période considérée, le déficit commercial total s’élève dans le cas de la Chine à 65,6 Mds de $US. Le solde global de la relation commerciale avec le partenaire européen enregistre dans le même temps un excédent global de 83,6 Mds de $US ».
Ces données chiffrées et objectives montrent parfaitement que « le déficit extérieur du pays n’est en aucune façon imputable au démantèlement tarifaire appliqué aux échanges commerciaux avec l’Union européenne », selon CARE.
Le think tank estime que « globalement, la grande majorité des balances commerciales avec les pays de la GZALE est déficitaire ».