Les cours du pétrole prolongeaient leurs gains lundi, le prix du baril Brent européen touchant un plus haut de trois ans sur fond de perturbations de l’offre pour plusieurs producteurs et de remontée de la demande.
Vers 11h45, le prix du baril de Brent de la mer du Nord pour échéance en mars perdait 0,09% à 85,98 dollars.
Plus tôt dans la séance, le Brent a atteint 86,71 dollars le baril, au plus haut depuis octobre 2018 et à quelque cents d’un niveau plus vu depuis 2014.
À New York, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en février gagnait 0,14% à 83,94 dollars.
Plusieurs facteurs ont contribué à ce dernier rebond des prix, notamment les interruptions de production « en Libye, au Nigeria, en Angola, en Équateur et, plus récemment, au Canada en raison du froid extrême », explique Hussein Sayed, analyste chez Exinity.
Les tensions s’accumulent sur les producteurs alors même que la demande repart.
Le variant Omicron du Covid-19, d’abord perçu comme une menace pour les achats de brut, s’avère moins grave que ses prédécesseurs, n’impactant pas les consommateurs de carburant.
Les prix du gaz naturel, toujours très élevés, influencent également à la hausse les prix du pétrole. Il en résulte « une augmentation de la demande de diesel et de fioul en remplacement du gaz naturel, partout où cela est possible », souligne Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Enfin, le risque géopolitique s’ajoute à l’équation. Si le conflit entre la Russie et l’Ukraine s’intensifie et entraine de nouvelles perturbations de l’approvisionnement en gaz russe de l’Europe, les prix de l’énergie, et donc du brut, pourraient encore augmenter, selon certains analystes.
« Seuls les membres de l’OPEP et leurs alliés peuvent faire baisser les prix à ce stade en pompant davantage de brut« , relève Hussein Sayed.
« Au lieu de cela, les pays de l’OPEP+ vont probablement poursuivre leur stratégie d’assouplissement progressif des réductions de production, car ils profitent des prix élevés actuels« , poursuit-il.
L’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et ses partenaires (OPEP+) annoncent en effet mois après mois des augmentations marginales de leurs objectifs d’extractions, et peinent à les atteindre, ce qui ne devrait pas permettre de répondre à une augmentation de la demande.
De nombreux analystes s’attendent désormais à voir les prix du brut dépasser les 90 dollars le baril, voire la barre des 100 dollars. Pour Hussein Sayed, « ce qui semblait impossible il y a quelques mois a maintenant de fortes chances de se produire« .