Les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France connaissent depuis quelques semaines des turbulences. Le président français, Emmanuel Macron, a ouvert les hostilités en décidant de réduire de 50% le nombre de visas octroyés aux Algériens. Quelques jours après, Emmanuel Macron avait fait des déclarations qui ont envenimé la situation.
Lors d’une rencontre avec de jeunes descendants d’acteurs de la guerre d’Algérie le 30 septembre à l’Élysée, le président français a remis en cause l’existence de l’Algérie en tant que nation avant sa colonisation par la France et critiqué ouvertement le « système politico-militaire » algérien qui, selon lui, vit de « la rente mémorielle » depuis 1962.
Interrogé hier mardi à l’Assemblée nationale par la députée Franco-Algérienne de la Côte-d’Or, et Présidente de la Commission des Affaires Sociales de l’Assemblée Nationale, Fadila Khattabi, sur l’avenir des relations entre la France et l’Algérie, Jean-Yves Le Drian a indiqué : « La France et l’Algérie sont unis par des liens ancrés dans l’histoire, et par un partenariat qui est aujourd’hui indispensable pour la stabilité de l’espace méditerranéen. Nous sommes convaincus de l’intérêt de nos deux pays à travailler ensemble dans tous les secteurs »
« Nous avons pour la relation entre nos deux pays, entre nos deux peuples, pour l’avenir du partenariat franco-algérien, une ambition forte. Et nous avons le plus profond respect pour la nation algérienne et pour la souveraineté de l’Algérie », a-t-il ajouté.
Jean Yves Le Drian a évoqué des difficultés « inévitables » dans une relation aussi marquée par les blessures de l’histoire que la relation franco-algérienne, « il faut en parler, il faut les partager et il faut travailler ensemble pour les dépasser », a indiqué le ministre français qui a précisé : « Nous y sommes toujours parvenus, et c’est la voie qu’aujourd’hui encore nous entendons privilégier ».
« Nous avons engagé des efforts visant à rétablir les conditions d’une relation apaisée »
M. Le Drian a évoqué la commémoration par le Président français, le 16 octobre dernier, et pour la première fois, du 60e anniversaire du massacre des Algériens à Paris, le 17 octobre 1961, par la police française, en rappelant l’engagement d’Emmanuel Macron, depuis 2017, dans une démarche d’amitié et de lucidité sur toutes les blessures de l’histoire franco-algérienne.
À ce propos, le ministre français a rappelé la mission qui a été confiée à Benjamin Stora de faire un rapport sur les mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie, soulignant au passage les gestes de reconnaissance portant sur la période de la colonisation, avec la remise de restes humains à l’Algérie à l’été 2020 et sur celle de la guerre d’Algérie, notamment des assassinats de Maurice Audin et Ali Boumendjel, comme d’«une plus grande ouverture de nos archives ».
Cette approche relève, selon le même responsable, «d’une démarche de lucidité sur notre propre histoire ». Et d’ajouter : « nous voulons que le dialogue puisse prévaloir avec nos partenaires algériens ».
« Nous regrettons un certain nombre de malentendus récents, parce que cette situation ne correspond pas à l’importance que nous attachons aux relations entre nos deux pays », a indiqué Jean Yves Le Drian.
« Nous avons engagé des efforts visant à rétablir les conditions d’une relation apaisée. La France entend y travailler avec sérieux, dans le respect mutuel et réciproque de la souveraineté de chaque pays. C’est sur cette base que nous entendons préserver et renforcer la relation entre nos deux pays », a indiqué le même responsable.