24 heures après les rassemblements de l’opposition de ce dimanche, Kaïs Saïed a signé ce lundi, le décret validant le nouveau gouvernement tunisien. Composé de 25 membres, il a déjà promis de s’attaquer à la corruption, dans le sillage des réformes initiées par le président.
La Tunisie a désormais son nouveau gouvernement. Ce lundi 11 octobre, les membres du nouveau cabinet dirigé par Najla Boulden ont officiellement été investis devant le président de la République, Kaïs Saïed (photo).
Cette prestation de serment fait suite à la signature d’un décret présidentiel validant l’entrée en fonction du nouvel exécutif comptant 25 membres en plus de sa cheffe. Elle intervient un peu plus de deux semaines, après la nomination de Najla Boulden en tant que 1er ministre du pays, succédant à Hichem Mechichi.
Agée de 63 ans, cette ancienne cadre du ministère de l’Enseignement supérieur, inconnue en politique, a été chargée de « former un nouveau gouvernement dans les plus brefs délais, conformément au décret présidentiel n° 117 sur les mesures exceptionnelles ».
Pour rappel, sa nomination à la tête du gouvernement tunisien, au-delà d’être une première dans ce pays maghrébin, intervient dans un contexte sociopolitique délicat. Le 25 juillet dernier, le président Saïed a suspendu le Parlement, concentrant entre ses mains le pouvoir. Ce qui a déclenché l’ire des partis d’opposition, notamment le parti Ennadha. Dénonçant la corruption et le clientélisme qui gangrènent l’appareil étatique, depuis plusieurs années, il a annoncé une réforme prochaine de la Constitution, et a maintenu les mesures exceptionnelles pour une durée indéterminée.
Bien que salué par une partie de la population qui le soutient, ce coup de force est également vivement contesté dans les rues de Tunis par des manifestants qui y voient un recul des avancées démocratiques chèrement obtenues, lors de la Révolution du Jasmin en 2011. Dimanche, au moins 6000 personnes ont manifesté contre le « coup d’Etat » du président dénonçant un accaparement du pouvoir. Cependant, le chef d’Etat semble bien décidé à aller jusqu’au bout de ses idées, et envisage même de modifier la Constitution.
Au cours des prochaines semaines, le nouveau gouvernement sera attendu sur l’épineux dossier de la gestion de la pandémie de covid-19 et de la crise économique qui alimentent depuis plusieurs mois, les contestations sociales dans le pays. En l’absence d’un Parlement élu fonctionnel, l’autre objectif consistera sans doute à conduire les réformes anti-corruption impulsées par M. Saïed qui souhaite également mettre en place un nouveau code électoral.
Ecofin