Les prix des hydrocarbures sont en hausse depuis plusieurs semaines. Le prix du baril de pétrole est à plus de 80 dollars et continue son ascension. Les prix du gaz ont également flambé notamment en Europe, marché traditionnel de l’Algérie.
L’Algérie est liée avec des contrats de long terme pour l’approvisionnement en gaz naturel de l’Espagne, du Portugal et de l’Italie. Le gaz algérien est expédié vers ces pays via des gazoducs. Ce type de contrat permet de sécuriser les approvisionnements à un prix stable sur la durée.
Les contrats de long terme sont cependant dotés de clauses d’indexation qui conduisent à une révision des prix du gaz tous les deux ou trois ans, voire tous les ans. Ces prix évoluent en fonction des éléments suivants : les coûts de transport du gaz de son lieu de production à son lieu de livraison; les coûts de production du gaz naturel…
La question qui se pose : la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach bénéficiera-t-elle de cette flambée des prix du gaz ? Pour son PDG, Toufik Hakkar, cette flambée des prix n’aura pas de grand effet sur le prix du gaz algérien, sachant qu’il est vendu selon des contrats à long terme.
Répondant aux questions des journalistes en marge de la signature dimanche au siège de Sonatrach à Alger de « La déclaration de la politique du contenu local et de l’intégration nationale », M. Hakkar a indiqué que « tout le gaz algérien est vendu avec des contrats de moyen et long terme. »
Selon le PDG de Sonatrach, les prix du gaz pour novembre et décembre sont à plus de 30 dollars la BTU (British thermal unit). Et c’est la première fois dans l’histoire que le prix du gaz dépasse cette barre, a-t-il noté. « L’année passée, durant la crise sanitaire de la Covid-19, le prix du gaz était à moins de 1 dollar la BTU », a-t-il rappelé, en précisant qu’actuellement, les prix tournent entre 30 et 50 dollars la BTU et pourront se maintenir à ce niveau jusqu’à la fin de l’année en cours et peut-être jusqu’au premier trimestre de 2022.
« Nous avons nos contrats (gaziers) de long terme, et la hausse des prix n’aura pas de grand effet sur nos prix. Mais, il y a une quantité de gaz (GNL) qui est écoulée sur le marché spot et là, nous allons bénéficier de la hausse des prix », a expliqué M. Hakkar.
En juin dernier, Toufik Hakkar avait indiqué que Sonatrach tablait en 2021 sur des recettes à l’export de 30 à 33 milliards de dollars contre 22 milliards de dollars en 2020, un exercice marqué par la crise sanitaire due à la pandémie du coronavirus qui a paralysé l’économie mondiale et une chute brutale des prix du pétrole.
« La hausse des prix est due à un déséquilibre entre l’offre et la demande »
Pour ce qui est des raisons de la flambée des prix des hydrocarbures, notamment ceux du gaz en Europe, le PDG de Sonatrach a expliqué que la hausse des prix sur le marché européen « est due à un important déséquilibre entre l’offre et la demande ». « Et cela, a-t-il ajouté, n’est pas dû au hasard. C’est la résultante de la stratégie adoptée par l’Europe concernant la sécurité énergétique, c’est-à-dire, la sécurisation des sources d’énergie. »
« Il y a plusieurs années, l’Europe a abandonné les contrats à long terme et s’est dirigée vers le marché spot, ce qui représentait des risques », a rappelé M. Hakkar, qui a indiqué : « Nous avons prévenu nos partenaires en Europe sur l’abandon des contrats à long terme, qui garantissaient deux principaux éléments : la transparence et la stabilité des prix. »
Pourquoi ce déséquilibre dans l’offre ? Selon le PDG de Sonatrach : « C’est parce qu’il y a une baisse des investissements dans le secteur des hydrocarbures, particulièrement dans le domaine de l’exploration et la production. Cette baisse ne concerne pas uniquement quelques pays, mais la majorité des pays. »
Et d’ajouter : « Toutes les entreprises internationales ont connu une baisse de leurs investissements dans l’exploration et la production. En 2020, le secteur des hydrocarbures a enregistré une baisse de 1000 milliards de dollars des investissements. Ce qui a impacté l’offre de pétrole et de gaz. Et aujourd’hui on constate cette hausse des prix due à un déséquilibre entre l’offre et la demande ».
« Lorsque le gaz est disponible en quantité et qu’il n’y a pas de demande en Europe, les producteurs de gaz vont diriger leurs productions vers d’autres destinations. Ce que nous avons fait en Algérie, lorsqu’il n’y avait pas de demande en Europe, nous avons dirigé l’excédent de production vers d’autres marchés », a-t-il expliqué.