Le Conseil d’administration du FMI se prononcera « très bientôt » sur le maintien ou non de sa directrice générale, Kristalina Georgieva, accusée d’avoir manipulé des données d’un rapport en faveur de la Chine quand elle était directrice générale de la Banque mondiale.
A la suite d’une réunion vendredi, le Conseil du Fonds monétaire international a fait état « de progrès significatifs » dans la compréhension de ce dossier mais « il a convenu de demander de nouveaux détails avec l’idée de parvenir à une conclusion très bientôt », selon un communiqué d’un porte-parole.
Le Conseil pourrait se réunir de nouveau samedi, a indiqué à l’AFP une source proche du dossier sous couvert d’anonymat, ajoutant que Mme Georgieva avait reçu le soutien de la France et plus largement des pays membres européens.
Les Etats-Unis, membre crucial du FMI, n’ont pour l’instant pas laissé filtrer leur position et semblaient réticents à donner leur accord, ont indiqué deux sources proches du dossier.
Le temps presse alors que le FMI et la Banque mondiale entament lundi leurs réunions d’automne. « Un examen est actuellement en cours avec le Conseil d’administration du FMI et le Trésor a demandé à avoir un rapport complet et juste de tous les faits », a expliqué à l’AFP Alexandra LaManna, porte-parole du Trésor américain. « Notre responsabilité première est de préserver l’intégrité des institutions financières internationales », a-t-elle ajouté.
La question du maintien de Mme Georgieva, 68 ans, à la tête de l’institution internationale est posée, depuis la publication, mi-septembre, des conclusions d’une enquête du cabinet d’avocats WilmerHale, menée à la demande du comité d’éthique de la Banque Mondiale.
Cette enquête a pointé des irrégularités dans la rédaction des éditions 2018 et 2020 du rapport « Doing Business » de la Banque Mondiale. Et, ses auteurs ont accusé Kristalina Georgieva d’avoir fait pression sur ses équipes quand elle était directrice générale de la Banque mondiale pour que la Chine obtienne un classement plus favorable.
Mme Georgieva, d’origine bulgare et économiste de formation, nie en bloc les faits qui lui sont reprochés. « J’ai répondu à toutes les questions qui m’ont été posées et je reste à la disposition du Conseil d’administration alors qu’il va conclure dès que possible les discussions afin que nous puissions tous nous concentrer sur les décisions importantes que nos pays membres attendent pendant les réunions annuelles », a-t-elle commenté vendredi soir dans un communiqué.
Mercredi, elle avait été entendue par le Conseil d’administration. Elle avait alors déploré « des inexactitudes et hypothèses erronées formulées par les auteurs du rapport ». Cette enquête « ne décrit pas avec précision mes actions en ce qui concerne (le rapport) -Doing Business 2018-, ni ne rend compte correctement de qui je suis ou de la façon dont je me suis conduite au cours d’une longue carrière professionnelle », avait-elle plaidé.
Elle avait alors souhaité « une résolution rapide » permettant de préserver la solidité des institutions multilatérales », relevant que celles-ci avaient d’importantes missions à remplir « en ces temps de crise sans précédent ».
Mme Georgieva a pris la tête du Fonds le 1er octobre 2019 pour remplacer Christine Lagarde qui avait été nommée à la Banque centrale européenne. Elle était alors la seule candidate.
La publication du rapport « Doing Business » a été immédiatement suspendue après les révélations du cabinet WilmerHale. Cette étude, qui passe au crible le cadre réglementaire des pays pour savoir quels sont ceux qui sont les plus favorables au lancement d’entreprises, avait fait l’objet de nombreuses polémiques, ayant conduit jusqu’à la démission du chef économiste de la Banque mondiale Paul Romer.
Afp