Le FMI va revoir à la baisse ses prévisions de croissance, selon la directrice générale de l’institution. Dans les pays émergents, qui n’ont pas accès a suffisamment de vaccins, la croissance « continue de se dégrader » tandis que les pays riches devraient retrouver leurs niveaux d’avant-crise « d’ici 2022 ». Toutefois, les Etats-Unis et la Chine font face à de récentes incertitudes qui pourraient chambouler leurs économies.
La croissance mondiale va en effet être moins soutenue cette année, a prévenu mardi la directrice générale du FMI. Kristalina Georgieva s’inquiète également du fossé grandissant entre les pays riches qui profitent de la reprise et les pays pauvres affectés par le manque de vaccins et les poussées inflationnistes. « Nous nous attendons maintenant à ce que la croissance ralentisse légèrement cette année » par rapport à ce que le Fonds monétaire international prévoyait en juillet, a déclaré Kristalina Georgieva, lors d’une conversation virtuelle à l’Université de Bocconi à Milan. L’institution de Washington publiera dans une semaine ses prévisions économiques mondiales actualisées en ouverture des réunions d’automne du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale.
En juillet, le Fonds avait révisé en hausse sa prévision de croissance mondiale à +6% cette année. Mais c’était avant que le variant Delta ne fasse de nouveaux ravages dans le monde.
De plus, même si les Etats-Unis et la Chine, les deux premières puissances économiques, restent « les moteurs essentiels de la croissance », « leur croissance ralentit », précise Mme Georgieva. Sans compter l’incertitude qui plane sur l’économie américaine qui pourrait faire face à un défaut de paiement.
De son côté, la Chine fait aussi face à plusieurs incertitudes qui pourraient bousculer son économie. Le géant de l’immobilier Fantasia ne parvient pas à rembourser sa dette et pourrait faire faillite en laissant 205,7 millions de dollars (177 millions d’euros) d’impayés derrière lui. Ce nouveau séisme financier – qui intervient juste après la suspension du cours des actions de l’autre géant immobilier Evergrande – continue d’alimenter les craintes d’un krach chinois qui pourrait se répercuter par effet domino sur les places financières mondiales.
Les problématiques ne sont pas de même nature dans les pays émergents qui font face eux à un manque d’accès aux vaccins. Ainsi, leur croissance « continue de se dégrader, entravée par le faible accès aux vaccins et une réponse politique limitée, en particulier dans certains pays à bas revenus », souligne Kristalina Georgieva.
Selon elle, la « divergence » dans la reprise est telle que les économies avancées vont revenir à leurs niveaux d’avant la pandémie « d’ici 2022 » quand la plupart des pays émergents et en développement « mettront encore de nombreuses années à se remettre » de la crise du Covid-19. L’obstacle le plus immédiat à une reprise mondiale est donc cette « grande fracture vaccinale ». « Les nations plus riches doivent tenir leurs promesses de dons immédiatement », explique la directrice générale du Fonds alors que le FMI et la Banque mondiale ont fixé comme objectif de faire vacciner 40% de la population mondiale d’ici la fin de cette année et 70% d’ici la première moitié de 2022.
Outre le problème de vaccination, certains pays émergents sont confrontés à des pressions sur les prix qui « devraient persister », selon le FMI. L’augmentation des prix alimentaires mondiaux, plus de 30% au cours de l’année écoulée, est en effet « particulièrement préoccupante ». « Conjuguée à la hausse des prix de l’énergie, cela met encore plus de pression sur les familles les plus pauvres », observe Kristalina Georgieva. Elle estime ainsi que les risques et les obstacles à une reprise mondiale équilibrée « sont devenus encore plus marqués » qu’il y a quelques mois et recommande aux banques centrales de se tenir « prêtes à agir rapidement si la reprise se renforçait plus rapidement que prévu ou si les risques inflationnistes devenaient tangibles ».
Elle pointe également du doigt le problème de la dette publique mondiale qui, selon les calculs du FMI, atteint désormais près de 100% du PIB de l’économie mondiale.
Afp