On s’attentait à ce que ca soit l’Union Générale des Travailleurs Algériens ( UGTA) qui interpelle le gouvernement sur l’insoutenable flambée des prix qui menace d’embrasement le front social, mais c’est la Confédération des Syndicats Autonomes Algériens (CSA), forte de 13 syndicats capables de mobiliser des dizaines de milliers de travailleurs, qui est finalement montée au créneau ce lundi 13 septembre 2021, à l’occasion d’une réunion expressément consacrée à ce sujet particulièrement brûlant.
C’est à une véritable agression de leur pouvoir d’achat que les algériens assistent depuis quelques jours. Une valse des étiquettes sans précédent qui a en effet subitement porté les prix d’une très large gamme de produits de consommation et de services, à des niveaux jamais atteints auparavant. Ce qui dérange en réalité les algériens, c’est le silence du gouvernement et l’inaction de ses services de contrôle, qu’ils ne voient presque jamais sur le terrain. Ils se sentent de ce fait abandonnés à leur sort, ce qui alimente encore davantage leur légitime détresse de citoyens qui n’arrivent plus à « joindre les deux bouts ».
Le silence assourdissant des partis politique n’arrange évidemment pas les choses!
L’Algérie n’en est en réalité pas à sa première mauvaise expérience de flambées des prix (Celle d’octobre 1988 est sans doute la plus célèbre), mais les algériens étaient habitués à une toute aussi rapide montée au créneau du syndicat lié au pouvoir, qu’était l’UGTA, pour « dénoncer les spéculateurs et autres trafiquants » (Le gouvernement qui est en réalité responsable de ces dérapages de prix n’est jamais désigné) et rétablir la confiance populaire en « arrachant » des hausses du SMIG et de salaires en faveur des travailleurs du secteur public. On assiste cette fois à une véritable éclipse de la Centrale Syndicale UGTA, qui n’a pas dit un seul mot, à ce jour, sur cette gravissime situation. Les chamboulements organiques qu’elle a subi du fait des manifestions populaires du 22 février 1019, ne sont sans doute pas étrangers à ce troublant silence.
En son absence, ce sont donc les 13 organisations syndicales autonomes agrées regroupées autour de la Confédération des syndicats algériens (CSA), qui ont en effet exprimé lundi dernier, leur inquiétude sur le dangereux dérapage des prix qui a affecté des centaines de produits et services, entraînant une détérioration sans précédent du pouvoir d’achat des algériens et, ce, à la veille de la rentrée sociale. Figurent parmi les produits touchés par ces surenchères, les denrées de large consommation, mais aussi, les matières premières agricoles et industrielles. C’est une véritable catastrophe que sont soumis les algériens et, notamment, les plus pauvres d’entre eux, dont les revenus salariaux figurent parmi les plus bas au monde, mais aussi, les entrepreneurs qui doivent acheter plus cher leurs matières premières.
L’énergique communiqué publié par le CSA à l’issue de cette rencontre inter syndicale couvrant pas moins dix secteurs d’activité économique et social (fonctionnaires, professeurs d’universités, travailleurs des Postes et Communications, formation professionnelle, praticiens de la Santé etc.) est on ne peut plus clair. Il a pris l’apparence d’un « coup de gueule » d’un monde du travail en détresse. Il décrit une situation sociale désastreuse, fortement dominée par des augmentations démesurées et anarchiques des prix. Il met également l’accent sur le gel des salaires des travailleurs qui dure depuis plusieurs années, tout en reprochant au gouvernement son incapacité de contrôler l’inflation et la parité du dinar principalement à l’origine de cette flambée. Ce sont tous « ces facteurs qui ont conduit à ce recul flagrant du pouvoir d’achat des travailleurs », souligne le communiqué du CSA qui estime également, que « la situation sociale actuelle est dangereuse et inacceptable » et que « les syndicats algériens prendront leurs responsabilités, en menant des actions de revendications légales et pacifiques, pour inciter le gouvernement à prendre des rapidement les décisions adéquates».
Les 13 syndicats de la Confédération ont enfin appelé « les syndicats à se tenir prêts en vue de lancer des actions de revendication pour exiger « l’amélioration du pouvoir d’achat des travailleurs ».
Parallèlement aux appels, somme toute modérés, de cette Confédération syndicale, on lit depuis quelques jours sur les réseaux sociaux, des appels à la grève et autres actions collectives, pour enrayer cette spirale inflationniste qui n’arrête pas de tirer vers le bas le pouvoir d’achat des travailleurs.
L’absence de réaction du gouvernement attise encore davantage cette légitime qui alimentant des rumeurs alarmiste de toutes sortes. On ignore pour l’instant si les autorités concernées qui nous ont habitués au mutisme sur des sujets aussi brûlants, seront prêtes à faire cet effort de communication pourtant nécessaire.