Surmonter le défi de la dette africaine profitera non seulement au continent mais aussi à ses partenaires d’Asie et à l’économie mondiale dans son ensemble, ont affirmé, le 20 mai dernier, plusieurs experts réunis à l’occasion du lancement des Perspectives économiques en Afrique 2021 pour la zone Asie.
Co-organisé par le Bureau de représentation extérieure pour l’Asie et le Département de politique macroéconomique, des prévisions et de la recherche de la Banque africaine de développement, le lancement de ce rapport intervient pour la deuxième fois consécutive. Les Perspectives économiques en Afrique avaient été présentées pour la première fois dans la zone Asie en 2020.
Quelque 428 personnes d’Afrique et d’Asie ont assisté à l’événement, organisé en visioconférence pour présenter le document phare de la Banque africaine de développement, qui sert d’outil d’information économique, de dialogue politique et d’efficacité opérationnelle sur le continent.
Le directeur du bureau asiatique de la Banque, Takashi Hanajiri, a présenté l’édition 2021 des Perspectives économiques en Afrique et coanimé une table ronde avec Dr Jingying Sun, chef de cabinet adjoint à l’Institut national pour la stratégie mondiale de l’Académie chinoise des sciences sociales, ainsi que Pr. Padmashree Gehl Sampath, membre et conseiller principal au Berkman Klein Center de l’université de Harvard.
Selon Dr Sun, la Chine s’est activement engagée dans les efforts internationaux d’allègement de la dette, à l’instar de l’Initiative de suspension du service de la dette du G20 et du Cadre commun pour le traitement de la dette qui va au-delà de l’Initiative. Selon lui, la Chine a suspendu 1,35 milliard de dollars de dette dans 23 pays dans le cadre de cette initiative. « Pas plus de 5% des droits de tirage spéciaux du Fonds monétaire international sont actuellement destinés à l’Afrique. Le continent pourrait bénéficier de ceux des pays riches, y compris d’Asie », a-t-elle suggéré.
De son côté, le professeur Sampath a estimé que « l’initiative du G20 devrait également inclure les créanciers privés et la collaboration entre l’Asie et l’Afrique devrait être plus structurée ».
Le vice-président en charge du Développement régional, de l’Intégration et des Prestations de services à la Banque africaine de développement, Dr Khaled Sherif, a souligné l’importance du séminaire pour les actionnaires asiatiques de la Banque, compte tenu du fait que la région devient une source de plus en plus importante de la dette externe de l’Afrique. Les prêts bilatéraux des quatre pays membres non régionaux de la Banque en Asie (la Chine, l’Inde, le Japon et la Corée) représentaient plus de 15 % de la dette extérieure totale du continent à la fin 2019, a indiqué Dr Sherif. En outre, l’Asie est désormais le principal partenaire commercial de l’Afrique de biens marchands, ce qui représente 40% du commerce total en 2019. Dans l’intérêt des deux parties, il est nécessaire que l’Afrique se relève rapidement de la pandémie de Covid-19, a-t-il estimé. « Les destins des économies africaines et asiatiques sont étroitement liés et ce séminaire est une bonne occasion de déterminer des options politiques innovantes afin de raviver et renforcer les liens économiques entre les deux partenaires », a soutenu Dr Sherif.
Dr Chuku Chuku, qui assure l’intérim du chef de la Division de politique macroéconomique, de la soutenabilité de la dette et des prévisions au sein du Département de recherche (ECMR) de la Banque africaine de développement, a présenté les conclusions des Perspectives économiques africaines 2021. Il a appelé les pays à améliorer leur coordination et à intensifier leurs réformes afin de surmonter les problèmes liés à l’endettement. Il a également noté que le succès des initiatives d’allégement de la dette pour l’Afrique dépendrait de la participation active des pays asiatiques, étant donné la part importante de la dette de l’Afrique envers les pays asiatiques. « Des liens commerciaux plus étroits entre l’Afrique et l’Asie rendraient la reprise économique des deux régions plus durables en raison de l’importance de l’activité économique entre elles », a déclaré Dr Chuku.
Dr Adamon Mukasa, économiste senior à la Banque africaine de développement, a ajouté qu’environ 39 millions de personnes risquaient de basculer dans l’extrême pauvreté en Afrique en 2021 si des politiques appropriées n’étaient pas mises en œuvre. Il a souligné que l’expansion des filets de sécurité sociale et la poursuite de la diversification et de la transformation économiques seraient essentielles pour une reprise équitable et durable sur le continent.
Ecofin