Dakar a connu des scènes de guérilla urbaine d’une ampleur inconnue depuis plusieurs années. Les affrontements entre les forces de l’ordre et des centaines de jeunes réclamant la libération d’Ousmane Sonko ont fait quatre morts
Un calme précaire est revenu samedi, jour de relâche, dans Dakar aux rues jonchées de pierres et de cartouches vides de gaz lacrymogène. Officiellement, quatre personnes ont trouvé la mort à travers le pays.
Les manifestants réclament la libération d’Ousmane Sonko. Ils croient qu’on cherche à écarter le député, troisième de la présidentielle de 2019, de celle de 2024.
Les autorités disent qu’il doit répondre à une plainte pour viols et que s’il est gardé à vue, c’est pour trouble à l’ordre public. Il doit être à nouveau présenté au juge lundi et la décision de le relâcher ou de l’écrouer pourrait être lourde de conséquences.
Dans la bouche des manifestants s’expriment aussi la fatigue des épreuves quotidiennes, la lassitude du pouvoir du président Macky Sall et la défiance envers la France, considérée comme un des principaux soutiens de ce dernier. « L’essentiel de ces jeunes ne travaillent pas. Ce sont pour 90% des chômeurs (…). Au-delà de la question de l’arrestation de Sonko, c’est une situation économique morose qui a fait que les gens sont sortis manifester leur ras-le-bol », disait vendredi Ndeme Dieng, un opposant s’employant à calmer les esprits lors de heurts.
La pandémie a frappé l’économie de plein fouet, stoppé des années de croissance soutenue et éprouvé durement cette population très majoritaire qui travaille dans le secteur informel. Beaucoup ont perdu leur emploi. Le couvre-feu, les restrictions imposées aux rassemblements ou aux déplacements ont réduit l’activité.
Afp