Depuis le lundi 1er mars, une lettre du ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita aux membres du gouvernement fait le tour des réseaux sociaux. Son contenu laisse craindre le début d’une brouille diplomatique avec Berlin qui est pourtant l’un de ses principaux partenaires.
Le Maroc va suspendre tout contact avec l’ambassade allemande à Rabat, ainsi qu’avec les organismes de coopération et les fondations allemandes qui lui sont liés. C’est ce que révèle une lettre du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita (photo), qui a fuité sur les réseaux sociaux.
Dans le document adressé au chef du gouvernement, Saâd-Eddine el-Othmani, et à l’ensemble de ses membres, le responsable indique que cette décision est motivée par des « malentendus profonds avec la République fédérale d’Allemagne au sujet des questions fondamentales du Royaume du Maroc ». Cependant, aucune raison concrète n’est avancée pour expliquer cette mesure qui devrait être appliquée par les départements ministériels du Maroc et l’ensemble des organismes qui relèvent de leur tutelle.
Il faut souligner que cette décision intervient quelques mois après les récents rebondissements qui ont eu lieu concernant le Sahara occidental. En décembre 2020 en effet, l’ancien président américain Donald Trump avait décidé de reconnaître la souveraineté marocaine sur cette région disputée, brisant ainsi le statu quo qui faisait consensus au sein de la communauté internationale sur ce sujet. Quelques jours plus tard, l’Allemagne a condamné cette décision via son ambassadeur à l’ONU qui avait affirmé que son pays « reste profondément attaché à une solution politique qui soit réellement dans l’intérêt de tous ».
Malgré cette divergence d’opinions, l’annonce reste surprenante, d’autant plus que l’Allemagne est l’un des principaux partenaires du royaume chérifien. Selon des chiffres rapportés par Bloomberg, Berlin a prêté environ 1,5 milliard $ au pays en 2020. De plus, le gouvernement allemand est l’un des principaux bailleurs de fonds du programme d’énergies renouvelables que met en place Rabat depuis des années.
En juillet dernier, les deux pays ont ainsi signé des accords d’un montant de 813 millions $ destinés à financer des projets notamment dans le secteur des énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique, du développement économique durable et de la gestion des ressources en eau.
D’ici les prochains jours, on s’attend à ce que les autorités marocaines donnent publiquement de plus amples explications sur les raisons qui sous-tendent cette brouille diplomatique. Jusqu’à ce que la situation soit normalisée, « toute dérogation à cette suspension ne pourra se faire que sur la base d’un accord préalable explicite du ministère des Affaires étrangères, de la Coopération et des Marocains résidant à l’étranger », indique la lettre du ministre Bourita.
Ecofin