L’ex-président américain Donald Trump a été jugé samedi non coupable d’avoir « incité » à l’insurrection meurtrière du Capitole, après un procès historique au Sénat, marqué par la diffusion d’images choc.
Grâce au soutien encore fort chez les républicains, le milliardaire a échappé à la condamnation, mais dans une rupture notable, sept sénateurs de son parti ont voté en faveur de sa condamnation.
Juste après ce verdict, l’ex-président a salué la fin d’une « chasse aux sorcières », en promettant de « continuer » à défendre « la grandeur de l’Amérique ». S’il a caressé l’idée de se représenter en 2024, son avenir politique reste encore très flou.
Pour Donald Trump, il s’agit d’un deuxième acquittement en autant de procédures de destitution. Un cas unique dans l’histoire des Etats-Unis. « Donald Trump est par la présente acquitté », a déclaré le sénateur démocrate Patrick Leahy, qui présidait le procès, en annonçant le résultat du vote final: 57 voix en faveur de sa condamnation, et 43 contre. Les 50 démocrates avaient besoin de 17 voix républicaines pour le condamner du fait d’une règle des deux-tiers.
Accusation « absurde » ou un président qui a « trahi » les Américains en soutenant les émeutiers? Les avocats du milliardaire républicain et les élus démocrates chargés de porter l’accusation devant le Sénat ont bataillé pendant cinq jours. « Il est temps de boucler cette mascarade politique », a tonné l’un des avocats du 45e président des Etats-Unis, Michael van der Veen, lors de son court plaidoyer samedi. « Peu importe le volume absolument terrible d’images des émeutiers que nous puissions voir, et le niveau d’émotion injecté dans ce procès, cela ne change pas le fait que M. Trump est innocent des chefs présentés contre lui ». « Estimer, en se basant sur les indices que vous avez vus, que M. Trump voulait réellement, et de fait a délibérément susciter une insurrection armée pour renverser le gouvernement américain serait absurde », a-t-il asséné.
Derrière cette accusation, il y a surtout la « peur » des démocrates de voir Donald Trump réélu en 2024, a-t-il accusé.
Les démocrates voulaient voir voir Donald Trump reconnu coupable, puis le rendre ensuite inéligible dans un nouveau vote. Pour eux, il est le responsable principal des événements du 6 janvier, lorsqu’une foule de ses partisans en colère avait envahi le Capitole au moment où le Congrès américain s’apprêtait à confirmer sa défaite à l’élection du 3 novembre. « Il est désormais évident, sans l’ombre d’un doute, que Trump a soutenu les actes de la foule hargneuse et il doit donc être condamné. C’est aussi simple que cela », a lancé Jamie Raskin, le chef des procureurs démocrates, pendant leur réquisitoire long de près de deux heures. « Au moment où nous avions le plus besoin qu’un président nous protège et nous défende, le président Trump nous a à la place délibérément trahis. Il a violé son serment » de protéger le pays, a renchéri l’un des neuf démocrates de la Chambre des représentants qui portent l’accusation, David Cicilline.
Mêlant vidéos choc des violences et extraits choisis des diatribes présidentielles, les démocrates ont, depuis le début du procès, accusé Donald Trump d’avoir renoncé à son rôle de « commandant-en-chef » pour revêtir des habits d' »incitateur-en-chef ».
Selon eux, il a « attisé la hargne » de ses partisans pendant des mois avec un « grand mensonge »: en se présentant comme la victime d’une élection « volée » suite à des « fraudes » dont il n’a jamais apporté la preuve.
Et le 6 janvier, au moment où les élus du Congrès certifiaient la victoire de Joe Biden, il « a allumé la mèche », ont-ils dit, en leur lançant: « Battez-vous comme des diables. »
Une fois l’assaut en cours, il a attendu de longues heures avant d’appeler ses sympathisants à « rentrer chez eux ». En tout, cinq personnes sont mortes, et des centaines ont été blessées ou traumatisées, ont-ils estimé.
Pour les avocats de Donald Trump, si l’attaque sanglante fut « terrible », ce procès, « injuste », ne fut le fruit que d’une « vengeance politique »
Dégainant à leur tour des vidéos soigneusement éditées, ils ont assuré que le champ lexical combatif de Donald Trump s’inscrivait dans une « rhétorique politique ordinaire », protégée par le Premier amendement de la Constitution, qui garantit la liberté d’expression. Ils avaient aussi souligné que l’ex-président avait appelé ses partisans à marcher « de manière pacifique et patriote » sur le Capitole.
Très discret jusqu’ici, l’influent chef de la minorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a fait savoir peu avant l’ouverture de la séance samedi matin qu’il voterait l’acquittement de Donald Trump. Une « décision difficile », selon lui, qui a sans doute scellé le résultat du vote final.
Après le vote, il a affirmé que Donald Trump était bien « responsable » des violences du 6 janvier mais que le Sénat n’avait pas la compétence pour le condamner.
Afp