Dès l’annonce de la mise sur le marché du vaccin anti Covid-19 en décembre novembre dernier, les prix du pétrole se sont remis à grimper sous l’effet de l’espoir d’une proche reprise de l’économie mondiale.
La croissance économique ayant quelque repris en Chine et dans certains pays asiatiques, les États Unis et l’Europe se sont eux aussi, mis à espérer un rapide retour à la normale, à l’aune d’une campagne de vaccination menée tambour battant.
Cette dernière devant s’achever dans le pire des cas, à la fin de l’été prochain, tous les États et entreprises concernés ont pariés sur cette proche échéance, pour donner une forte impulsion au monde des affaires. Il n’en fallait pas plus, pour faire rebondir les prix du pétrole qui, en moins de trois mois, sont passés de 32 dollars le baril de Brent au début du mois de novembre dernier, à 60,53 dollars le mardi 9 février 2021.
Les prix ont toutes les chances de s’envoler encore davantage dans les prochains mois, sous l’effet d’une demande mondiale en progression et d’une offre limitée, du fait de l’arrêt des exploitations d’hydrocarbures de schiste et du désinvestissement opéré par les grandes firmes pétrolières internationales du temps où les prix étaient trop bas.
Les experts tablent sur une augmentation forte et durable des prix du pétrole qui pourraient atteindre avant la fin de l’année en cours, des sommets identiques à ceux des années 2000, pour peu que la pandémie de Covid-19 et de ses mutants, soit réduite à des proportions gérables.
Cette augmentation substantielle du prix du pétrole devrait nous réjouir mais à regarder de prés, on ne peut que s’interroger sur ce que l’Algérie y gagne réellement. Miné par la mauvaise gestion du secteur des hydrocarbures, le pays a effectivement beaucoup perdu en termes de quantités exportables et en termes de débouchés vers les marchés les plus lucratifs. Il faut également savoir que la consommation intérieure a englouti près de la moitié de la production de gaz et de pétrole de la Sonatrach et que les quantités à réserver à notre population en forte croissance (plus d’un million de naissances par an) vont croître encore plus, dans les années qui viennent.
En janvier 2020 Sonatrach n’a effectivement réussi à exporter que 290.000 barils/jour, avons-nous lu, sur de nombreux journaux et sites internet spécialisés.
La chute par rapport au mois précédent serait d’au minimum 36%, selon ces mêmes sources, qui sont allés jusqu’à présager que si cette tendance venait persister, l’Algérie ne sera plus un pays pétro-gazier, d’ici peu d’années ! La situation est en effet, d’une extrême gravité, quand on sait que l’Algérie exportait il y a peu d’années, au minimum trois fois plus.
La décadence de nos réserves exportables avait commencé en 2012 sous le règne de Chakib Khellil qui dirigeait le ministère de l’Energie et la Sonatrach. Les données étaient sur la place publique mais il n’y eut pas de réactions de nature à remédier à ce dangereux déclin qui avait fait perdre au pays pas moins de 150 milliards de dollars en une dizaine d’années.
Un véritable drame économique que l’on doit certes, à la mauvaise conjoncture que traverse le marché des hydrocarbures depuis au minimum huit années, mais aussi et surtout, à la décadence du management de Sonatrach, fortement perturbé par l’instabilité de sa haute hiérarchie (8 PDG en l’espace de 10 ans) et les troublantes affaires de corruption qui avaient terni son image de marque.
Sonatrach, en est aujourd’hui arrivée à ne pouvoir exporter que 290.000 barils/ jours à peine, selon les estimations des meilleurs experts en business pétrolier. De quoi encaisser à peine 19 milliards de dollars, comme ce fut le cas en 2020, au lieu de 55 milliards de dollars en moyenne, perçus annuellement durant la décennie 2010.
A noter que cet inquiétant déclin des exportations n’affecte pas que le pétrole, mais aussi, le gaz sous ses formes naturelle et liquéfiée (GNL). Une importante société d’investissement américaine (Bloomberg) qui affirme avoir effectué un comptage des méthaniers algérien en mer, a estimé à environ 30%, la baisse dès exportations de GNL durant le mois de janvier dernier. Elle évoque un grave problème structurel qui risque de tirer dangereusement vers le bas, l’unique firme pétrolière algérienne.
Au moment où les prix des hydrocarbures repartent à la hausse (50%) de gagné en à peine 3 mois, il est regrettable de constater que l’Algérie, en proie à une grave crise financière, ne profitera pas, ou très peu, de l’embellie du marché pétrolier. Ce qu’elle va gagner en prix, elle le perdra du fait des quantités exportables qui ne cesseront malheureusement pas de diminuer. A moins que des mesures de redressement soient énergiquement prises au sommet de l’Etat pour remédier à la mauvaise gestion de la Sonatrach. Mais, dans la conjoncture actuelle, il ne faut surtout pas se faire d’illusions. Cette firme restera soumise aux règles de fonctionnement claniques et rentières, tant qu’on n’aura pas pris conscience de la gravité du problème, au plus haut sommet de l’Etat représenté, comme on le sait par le Conseil National de l’Énergie, qui ne se réunit malheureusement jamais ou, en tout cas, très peu.