Le président de l’Association des céramistes algériens, Mohamed Moncef Bouderba, est revenu dans cet entretien, sur la situation de la filière céramique qui est touchée, à l’instar de toutes les filières économiques, par la crise sanitaire mondiale induite par la propagation du coronavirus Covid-19.
Algérie-Eco : Le gouvernement algérien a décidé de suspendre l’importation des matières premières nécessite à la production de céramiques. Qu’en est-il des licences d’importation en 2020 ?
Le gouvernement algérien avait fait de la résistance il considérait que la matière première était disponible nous avons donné des documents pour bien expliquer que la matière première en Algérie est un transfert de technologie. ce n’est un une matière transformable, c’est un produit prêt à l’emploi, avec un secret de fabrication, jalousement conservé par la fabricant. il a fallu donc fournir des documents pour prouver que ce qu’ils faisaient était suicidaire pour l’Algérie. Nous allions fermer.
Le gouvernement algérien avait estimé que puisqu’il y avait un producteur national de matières premières destinées à la fabrication de céramique, il a décidé d’interdire toute importation des matières premières. cette décision était une violation du code du commerce, puisqu’elle crée une situation de monopole, d’autant plus que l’opérateur était fabricant de matières premières et de céramiques en même temps.
Nous avions obtenu, après cinq mois d’attente, les quotas d’importation pour la matière première qui entre directement dans la fabrication de la céramique. Nous avions eu des licences d’importation de 50% de nos besoins pour pouvoir produire de la céramique en avril 2028. Après une campagne médiatique, nous avons obtenu début juin 2018, l’autorisation de fonctionnement normalement.
l’idéal est d’encourager les producteurs algériens à fabriquer la matière première pour améliorer la qualité des produits leur dispobilité et surtout le choix. Cependant, on ne maitrise pas le process de fabrication des matières premières. l’idéal serait de produire ces matières premières en partenariat avec des entreprises étrangères, leader dans ce type de produit.
Mais, est-ce que cela vaut le coût d’investir 60 millions d’euros ? d’autant plus que le transfert de technologie ne sera jamais algérien, il y aura donc de la sous-traitance en Algérie. On est ouvert aux capitaux étrangers, mais le secret de fabrication ne sera jamais communiqué aux Algériens.
Le secteur du BTPH en Algérie dépend fortement de la commande publique. Est-ce le cas pour la filière de la céramique ?
Avant l’année 2015, le BTP dépendait à 80% de la commande publique, parce que le gouvernement algérien avait lancé de grands programmes de logements. il y avait donc 70% à 80% de commande publique, entre 25% et 30% de logements promotionnels (réalisés par les promoteurs) et 5% à 10% réalisé par les auto-constructeurs.
En 2020, l’auto-construction représentait 20%. il y a une forte demande d’auto-constructeurs, en particulier à l’intérieur du pays, notamment dans les Hauts-Plateaux, en Kabylie, et beaucoup de logements ruraux. La promotion immobilière a baissé d’environ 10%. nous avons 70% de la commande publique inscrit au programme du gouvernement et sur ces 70%, 50% du programme est totalement à l’arrêt.
La filière céramique n’a pas de marché direct avec l’Etat, nous ne vendons pas à l’Etat, nous vendons aux entreprises qui ont des projets de réalisation. 95% de tout ce qui est utilisé dans la fabrication existe en Algérie, nous importons uniquement 5% de matière première.
Au 30 décembre dernier, on a dénombré plus de 4000 entreprises exerçant dans le secteur du BTPH ont cessé toute activité. Où en est la filière de la céramique ? Y-a-t-il eu des cas de cessation d’activité ?
Le chiffre d’affaires globale de 2020 de la filière céramique était en moyenne de 60%, puisque durant le premier semestre, nous avons travailler à moins de 50%. A partir de juillet-août 2020, nous avons constaté une légère amélioration. et durant le dernier semestre de 2020, nous avons atteint 90% des capacités de production et du chiffre d’affaires. Cependant, la filière a été touchée par la crise sanitaire entre 40% à 50% et la marge bénéficiaire des céramistes a baissé de 50%.