Conflits d’intérêts, crise sanitaire inédite, situation politique bloquée, pouvoir de décision au mains d’une multitude d’acteurs inactifs. De quoi paralyser toute initiative de remise sur rails de notre économie.
C’est un statu quo qui met dans l’embarras tous ceux qui pourraient lui redonner vie, à commencer par les banques, les entreprises et les investisseurs.
Tous ces acteurs attendent l’avènement d’une réelle volonté politique matérialisée par un gouvernement actif et une législation incitative. Leur réticence à agir est tout à fait compréhensible, en cette période d’incertitude aggravée par l’inertie des pouvoirs publics. une régression sans précédent des ressources financières et un exécutif qui navigue à vue.
Le présent et le moyen terme n’étant pas rassurants, tous ceux qui misent leur argent dans les affaires (investisseurs, entreprises) préfèrent attendre de voir plus clair pour agir.
C’est en effet bien connu, les investisseurs ont besoin de savoir où mettre les pieds avant de miser leurs capitaux et, malheureusement, rien n’est actuellement fait pour leur donner de la visibilité aujourd’hui.
Bien au contraire, l’exécutif mal servi par un budget déficitaire, une crise sanitaire qui s’éternise et emporte des pans entiers de l’économie, ne parvient pas à formuler clairement sa feuille de route et ses priorités.
Les déclarations contradictoires et l’inertie de certains membres du gouvernement, ne sont également pas faites pour rassurer les acteurs économiques, qui se contentent d’accuser les coups, en comptabilisant les pertes de commandes et de recettes qu’ils subissent au fur et à mesure que la crise se prolonge.
Face à ce manque de visibilité aggravée par l’absence de communication des pouvoirs publics, les chefs d’entreprises ont résolument baissé les bras, considérant qu’il est trop risqué de s’aventurer à investir dans une aussi mauvaise conjoncture.
Ce triste spectacle d’un pays fortement tiraillé par des intérêts contradictoires, n’a évidemment pas échappé aux investisseurs étrangers qui ont disparu des radars algériens depuis que le pays est en crise.
Comment en effet ces derniers pourraient-ils apprécier le contexte algérien, quand ses autorités politiques donnent plus d’importance à la répression et au verrouillage politique qu’à la résolution des problèmes qui paralysent l’économie.
Toute l’action gouvernementale qui a prévalu durant l’année 2020 et qui se poursuit aujourd’hui, ne semble avoir pour objectif que celui de garantir par tous les moyens possibles la survie d’un régime politique déstabilisé par la lame de fond populaire du 22 février 2019.
A moins de garanties personnelles de hauts responsables de l’armée ou de fonds d’investissements internationaux, il est clair que les investisseurs étrangers préféreront attendre que le gouvernement algérien mette d’abord de l’ordre dans sa gestion, avant de s’aventurer dans une quelconque affaire en Algérie.
L’investissement obéissant à la sacro-sainte loi du profit, la panne générale qui affecte l’économie depuis un peu plus d’une année pourrait être mortelle pour le pays, si elle venait à se poursuivre comme tous les observateurs le redoutent.
Mais s’il fait le malheur de tout un peuple ce blocage fait paradoxalement le bonheur de certains qui ne sont sans doute pas étranger à son maintien. Le recul de la production nationale qui résultera de cette panne, ne manquera effectivement pas d’être engendrer des manques à gagner qu’il faudra nécessairement combler par des importations.
Toute une faune de sociétés de négoce s’y prépare sur fond de recomposition des barons de l’import-import. Bon nombre de gros importateurs ont en effet été éliminés de la course à la faveur de procès qui ont conduit plusieurs d’entre eux en prison.
Il s’agit aujourd’hui de les remplacer comme on a, notamment, pu le constater avec l’intrusion récente de 4 nouveaux importateurs de véhicules neufs, dont le ministre de l’Industrie refuse de donner les noms.
La même recomposition est sans doute en train de s’opérer dans une totale opacité, dans d’autres créneaux d’importation. Comme leurs prédécesseurs ces nouveaux barons engrangeront des gains fabuleux résultant des sur-facturations et tricheries sur la qualité des marchandises.
La récession économique que ne manquera pas de provoquer ce long statu quo, est également de nature à aiguiser l’appétit des bailleurs de fonds étrangers qui pourraient faire main basse sur des pans entiers d’actifs hypothéqués, en cas d’incapacité à rembourser les crédits accordés.
Sachant pertinemment qu’aucun redressement économique n’est possible sans résolution préalable de la crise politique, ces derniers feront tout pour que la crise s’enlise ou n’évolue pas positivement, afin de se maintenir comme bailleurs indispensables.
C’est aux autorités politiques algériennes et notamment, aux cercles qui détiennent réellement le pouvoir, qu’échoit la volonté de remettre en selle cette économie sinistrée. Cette volonté ne suffira évidemment pas, si les décisions à prendre tardent à venir.
Plus le temps passe et plus les ressources du pays vont s’amenuiser et constituer un facteur bloquant à toute initiative de résolutions de crises interdépendantes qui secouent le pays. Si le pouvoir continue à privilégier sa survie au détriment de celle du pays, il est évident qu’aucune réforme sérieuse ne pourra être entreprise de manière sérieuse et déterminée.
Le pouvoir compromettrait ainsi l’avenir du pays et, par ricochet, son propre destin en s’épuisant dans d’interminables actions de répression, qui tireront sans arrêt l’économie vers le bas, au point de provoquer des troubles dont personne ne peut deviner l’issue!